En 1969, les Expos arrivaient chez nous et, surtout, le baseball majeur quittait les États-Unis pour la première fois. C'était tout un événement et tout un honneur pour la ville de Montréal.

Le maire Drapeau, qui voyait grand comme le maire Labeaume voit grand à Québec aujourd'hui, n'a pas manqué de souligner l'affaire et je me souviens d'une indigestion de discours et de cérémonies. Et de joyeuses soirées d'été au parc Jarry. Fernand Magic Fingers Lapierre vivait son heure de gloire avec Valderi, Valdera, Valderi, Valdera-a-a-a-a... Pendant ce temps, à Rosemont, nous avions l'honneur d'accueillir Coco Laboy sur la 5e Avenue, près de Masson. Coco Laboy n'était pas un bon joueur, mais il est vite devenu très populaire... à cause de son nom. Tout le monde souriait en entendant le nom Coco Laboy, qui aurait pu être le nom d'une dessinatrice de mode ou d'un travesti.

Coco habitait un modeste logement. C'était avant l'explosion des salaires dans l'univers du sport. Aujourd'hui, les baseballeurs pourraient acheter une bonne partie de la 5e avenue.

Le premier joueur de troisième but des Expos a laissé le souvenir d'un homme très accessible et très gentil. Tellement accessible et gentil qu'il a fait un enfant à une de ses voisines de la 5e avenue.

En 1969, nous étions à une époque où, si le Canadien ne remportait pas la Coupe Stanley, c'est qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond dans le monde. Mais il n'y avait pas de joyeuses soirées au vieux Forum, parce que seuls quelques privilégiés y avaient accès. Les billets du Forum, ce n'était pas pour les petits morveux de Rosemont.

Un jeune nouveau, Guy Lafleur, commençait à se sentir à l'aise à Montréal et le Canadien se préparait à dominer le hockey des années 70, comme il l'avait fait dans les années 50, avec une nouvelle garde, Savard, Robinson, Lapointe, Lemaire, Shutt, Dryden... En retard d'un but après deux périodes ? Pas de problème, on va les lessiver en troisième...

En 1969, le ministère de l'Éducation du Québec inaugurait les cégeps, mettant fin au cours classique, à mi-chemin dans mon cas. Je ne suis pas un expert, mais je crois que c'est à ce moment que le système d'éducation du Québec a entrepris un long déclin.

Inutile de m'écrire des thèses pour me contredire, vous ne me convaincrez pas.