Vous avez sans doute noté dans votre agenda que Jacques Rougeau fils prépare son gala de lutte annuel du temps des Fêtes, les 26 et 27 décembre, à l'Auditorium de Verdun.

Jacques Rougeau présente de la lutte «familiale», et c'est Jacques Rougeau père, 79 ans, qui m'a expliqué le concept, qui est tout à fait original.

«Il n'y a pas de violence, pas de coups de pied, de coups de poing, de sang, pas de femmes en petite tenue... Il n'y a pas d'alcool dans l'aréna. C'est pour amuser les jeunes.»

Jacques Rougeau fils ajoute: «C'est de l'acrobatie, de la haute voltige et de l'humour. Les spectateurs rient pendant mes galas de lutte. C'est un mélange de Disneyworld et de Cirque du Soleil...»

Voilà.

Mais Jacques Rougeau père me fascinait. Cet homme, qu'on voyait arriver au centre Paul-Sauvé, qui ne parlait ni ne souriait jamais, nous faisait un peu peur. On disait que c'était le bouncer de son frère Johnny. Mais hier, il souriait et bavardait avec plaisir. Et dans un français qu'envieraient bien des athlètes que vous entendez baragouiner à la télé...

«J'étais gêné dans ce temps-là. Et puis, Johnny parlait pour moi. Il avait le don de la parole. Je me suis dégêné en vieillissant.»

Est-ce vrai que lorsque des lutteurs de passage à Montréal ne se comportaient pas bien en public, Johnny vous envoyait les remettre à leur place?

Jacques Rougeau père rit... «Je n'aime pas passer pour un fier-à-bras, mais c'est arrivé en quelques occasions. En général, ça se réglait à l'amiable.

«Mais dans un cas, je me suis fâché. J'ai appris qu'un de nos lutteurs, qui venait de Detroit, vendait de la drogue aux jeunes du quartier. Je déteste ça. Je lui ai arrangé le portrait; 110 points de suture au visage et à la tête. Le juge a dit qu'il n'avait jamais vu un gars aussi magané. J'ai dit au gars que, s'il ne retirait pas sa plainte contre moi, ce que je lui avais fait n'était rien comparé à ce que je lui ferais. Frank Shoofey était mon avocat.»

 

Rougeau père m'a rappelé un nom du passé que j'avais oublié: Ivan Koloff...

«Je l'ai connu au Japon. C'était un bon bonhomme, je l'aimais bien. Il s'appelait Red McNaulthy et venait de Colombie-Britannique. Je l'ai invité à venir lutter à Montréal. Une fois ici, je lui ai trouvé un nouveau nom. Je trouvais qu'il ressemblait à un Russe... Ensuite, il a fait fortune à New York avec le promoteur Vince McMahon père.»

Jacques Rougeau père, qui ne me fait plus peur du tout, vit une retraite tranquille à Rawdon, le château fort des Rougeau depuis toujours.

«J'ai été chanceux dans l'immobilier et je n'ai plus de problèmes financiers. Mais j'ai eu des problèmes de santé depuis deux ans. Je fais de l'emphysème et je n'ai jamais fumé de ma vie. C'est la fumée des autres.

«À Rawdon, il y a Raymond, Jacques, Armand et Johanne. Mon autre fille, Diane, vit en Floride avec son mari. Raymond est conseiller municipal de Rawdon.

«Je ne fais plus grand-chose. Je me promène en moto. J'ai 10 petits-enfants.

«Je me tiens loin des galas de lutte, les foules me fatiguent... Mais je suis fier du travail de mon fils. Il n'arrête jamais et ses affaires marchent bien. Il le mérite. Il a le don de la parole comme son oncle Johnny. Je suis allé à quelques-unes de ses soirées et c'est très bien. Les enfants ont du plaisir...»

M. Rougeau grand-père reçoit les salutations chaleureuses de ses deux petits-fils, Jay et Émile. Ce dernier, 9 ans, fera ses débuts en lutte professionnelle à Noël. Il a le don de la parole lui aussi. Jay est déjà un vétéran.

Des géants et des nains

Jacques Rougeau fils nous a présenté hier, à la vénérable taverne Magnan, sa toute nouvelle recrue, un géant de 7'3 et 500 livres. Pas de blague, je l'ai vu.

Le bonhomme s'appelle Martin Paquette, il n'a jamais lutté de sa vie et semble tout à fait rigolo et sympathique. «Je n'en reviens pas, les enfants me suivent et s'accrochent à moi. Je pensais que je leur ferais peur.»

On dirait que Martin a déjà la piqûre. Il affrontera, en duo avec Jacques fils, un autre géant, Robert Maillet - ne pas l'appeler le grand Maillet, nous dit Jacques fils -, dit Géant Kurgan, et le méchant Éric Mastrocola.

Et que serait un gala de lutte sans les nains? On les appelait les «petits nains» dans le temps, mais je crois que ce n'est plus politically correct.

Photo fournie par la famille Rougeau

Jacques Rougeau fils prépare son gala de lutte annuel du temps des Fêtes. Son fils de 9 ans, Émile, devant lui sur la photo, y fera alors ses débuts en lutte professionnelle.