L'Impact nous a offert hier une nulle (1-1) tristounette pour mettre fin à sa saison locale. Mais le vétéran défenseur Nevio Pizzolito était dans les gradins. Il le sera aussi pour le dernier match de la saison sur la route.

Pizzolito n'est pas blessé, il purge des suspensions. En fait, le grand garçon de Rosemont est devenu récemment le joueur le plus pénalisé de l'histoire de l'Impact. Après 15 saisons, dont 14 à Montréal, le défenseur de 33 ans a accumulé 357 cartons, 56 avertissements et neuf expulsions de match. Quand le jeu devient rude, Nevio Pizzolito n'est jamais très loin.

«Je ne savais pas que j'étais le plus puni... Ce n'est pas un bel honneur. Ma mère ne sera pas contente quand elle va apprendre ça.»

Nous connaissons presque tous la rudesse sur une patinoire de hockey. Mais qu'en est-il sur un terrain de soccer?

«D'abord, nous sommes les défenseurs, la dernière protection du gardien. Alors, si un joueur nous échappe et se dirige seul au but, on l'arrête comme on peut. On évite le but et on prend la pénalité.

«Et puis les défenseurs doivent être agressifs, ils doivent s'imposer. En général, s'il y a un accrochage entre deux joueurs en début de partie, ça va durer jusqu'à la fin. Ils vont se bousculer, s'engueuler, se menacer...»

Est-ce que les officiels «égalisent» les pénalités?

«Oui, on sait quand on a droit à un contact sans être puni. On sait quand c'est notre tour. Mais c'est un jeu dangereux. Les officiels sont imprévisibles et ils peuvent vous mettre dans l'embarras.»

Selon Pizzolito, les RailHawks de Caroline et les Timbers de Portland sont les deux équipes les plus rudes de la USL.

«Les joueurs américains sont naturellement rudes. Ce sont de bons athlètes qui font de la musculation. Il y a des matchs où l'on n'a pas d'autre choix que d'entrer dans leur jeu.»

Des noms?

«La plupart des joueurs rudes sont des défenseurs, alors je ne les croise pas souvent. Je pense à John Ball, de Rochester. Chez les attaquants, il y a Mandjou Keita, de Portland, qui est aussi le meilleur marqueur de la ligue. Charles G'Beke, notre ancien coéquipier maintenant à Vancouver, est rude aussi. Il n'est pas méchant, mais il est tellement gros et fort... À Charleston, Daniel Antoniuk est aussi «une présence»...

«Mais si je regarde les chiffres de mes pénalités, je dirais que c'est raisonnable après 15 saisons. Je joue beaucoup de matchs chaque année.»

Qu'en pense l'entraîneur (Marc Dos Santos)?

«Il apprécie mon agressivité. Il me défend. Mais il me répète d'éviter les cartons inutiles, engueuler un officiel par exemple...»

Justement, la suspension pour les deux derniers matchs de la saison empêche Nevio Pizzolito d'atteindre les 2000 minutes de jeu cette année. Il a déjà réussi l'exploit quatre fois, mais devra se contenter de 1929 minutes cette fois-ci.

Drôle d'idée

Le match d'hier n'était jeune que de quelques minutes lorsqu'un spectateur a sauté sur le terrain et s'est lentement dirigé vers le centre de la pelouse. Il a tenté de planter un bâton au bout duquel se trouvait une tambourine. Puis il a vidé un sac d'ordures sur la pelouse. Des papiers...

Surpris, les joueurs et les officiels l'ont laissé faire pendant de longues minutes. Les agents de sécurité étaient surpris aussi, semble-t-il. Finalement, l'un d'entre eux y est allé du plaqué habituel et le garnement a vite été amené dans une salle fermée aux yeux du journaliste présent. Ses derniers mots, avant de disparaître, ont été: «Jésus vous aime». Pas de farce.

Quelques minutes plus tard, j'ai entendu un agent qui sortait de la pièce: «Il ne recommencera pas, celui-là.»

Et puis un des patrons à ses employés: «Vous n'êtes pas payés pour regarder le match.» Ils n'étaient pas contents du tout et j'ai l'impression que le disciple de Jésus ne recommencera pas, en effet.

Les officiels, encore...

Prenez la parole d'un ex-chroniqueur de football canadien, la LCF a amélioré son image au cours des dernières années, mais un problème demeure : l'arbitrage. Il était lamentable il y a 25 ans, il ne semble pas meilleur aujourd'hui.

On devrait se pencher là-dessus une fois pour toutes : former des officiels, les payer décemment, investir dans de l'équipement efficace...

On s'en reparle dans 25 ans.

La nouvelle maturité de Price

Si l'on si fie aux cheerleaders du Canadien qui grenouillent dans nos médias, Carey Price serait devenu, en deux mois, un roc de maturité. Il aurait compris, il saurait maintenant faire face à la pression, se comporter comme un professionnel...

Deux mois n'auront jamais été aussi productifs, si l'on se fie à n'importe qui, bien sûr...

Dans une entrevue donnée lors du tournoi de golf du club, Price nous a expliqué que ses frasques à l'extérieur de la patinoire n'auraient jamais fait les manchettes si l'équipe avait gagné. Bref, ce n'est pas vraiment de sa faute, il a été victime des circonstances...

Alors, recommençons, lentement, juste pour Carey : quand un athlète mène une vie dissolue à l'extérieur du terrain ou de la patinoire, sa performance en est affectée. Il arrête moins de rondelles, par exemple, et les médias se posent des questions à son sujet.

C'est tout simple.

Pour la maturité, attendons encore un peu avant de nous prononcer.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Quand le jeu devient rude, Nevio Pizzolito n'est jamais très loin.