Marc Santerre, ses adjoints et les joueurs des Carabins de l'Université de Montréal étaient de retour au travail, hier. On imagine l'ambiance au lendemain de la victoire surprise - mais pas trop surprise - contre le Rouge et Or de Laval.

Mais il n'y a pas de congés pendant une saison de football, même pas au lendemain d'une grande victoire.

J'ai connu plusieurs entraîneurs de football et ils ont tous une chose en commun : une passion du métier qui frise la folie, l'obsession. Sept jours sur sept, à 80 heures par semaine, ils pensent football et sont heureux ainsi. La plupart du temps, ils sont indifférents à ce qui se passe autour d'eux, à ce qu'il y a dans leur assiette, par exemple. Ils mâchent, mais ils pensent à autre chose.

«On a revu le film du match, racontait Santerre. C'est comme se regarder dans le miroir. Si on regarde trop longtemps, on finit par trouver des défauts. Il y a encore des choses à réparer, comme après tous les matchs. Mais on passe une belle journée. J'ai surtout aimé notre hargne en attaque. Des receveurs de passes qui font du bloc, une ligne offensive qui est intraitable. On avait ajouté quelques nouveautés et les gars les ont bien exécutées. On n'a pas commis de grosse gaffe.

«Maintenant, on a une semaine de congé avant d'affronter Sherbrooke dans deux semaines. Ce sera le week-end de l'Action de grâce et on va rendre grâce beaucoup, beaucoup, a souligné Santerre... J'aimerais que le public se souvienne de ce match et s'intéresse à nous. Mais les gens ont tendance à oublier vite. Certains politiciens font une carrière avec cette capacité d'oublier rapidement.»

Pendant qu'il mâche, Santerre pense à des choses qui ont toujours rapport au football. «J'aimerais que des entreprises locales parrainent notre équipe en donnant des emplois d'été ou à temps partiel à nos athlètes. Ça se fait beaucoup dans les universités américaines. Les anciens qui ont réussi dans la vie embauchent des jeunes de l'université.

«Je pense à Rotrand Sené, qui étudie aux HEC, ou à notre quart-arrière, Marc-Olivier Brouillette, qui fait son droit. Un bureau d'avocats pourrait l'embaucher dans ses temps libres. Ils apprendraient à le connaître et, à la fin de ses études, ils auraient un bon homme à leur disposition. Les athlètes qui arrivent à allier sport et études avec succès sont en général des personnes plus débrouillardes que la moyenne.»

Ces gars-là n'arrêtent jamais...

Ô mon capitaine

Nous voici en pleine tempête - nous, c'est le CH - et nous n'avons toujours pas de capitaine pour nous guider.

Parlant de capitaine, et vous allez dire que je suis de la vieille école, il me semble qu'il doit être élu par ses coéquipiers et non pas choisi par l'entraîneur. Le capitaine, dans mon livre, Joël, est le représentant des joueurs auprès de la direction, celui qui fait part des préoccupations des joueurs. Si le capitaine est l'homme de l'entraîneur, le dialogue devient bancal.

Même à La Presse, le chef de division, qui travaille chaque jour avec le directeur de la section (sports, arts, économie) est élu par les membres de la division. Sinon, il ne serait qu'un prolongement de la direction.

Dans le bon vieux temps, Chris Chelios et Guy Carbonneau avaient obtenu le même nombre de votes. Par respect pour le vieux principe du représentant des joueurs, ils ont tous deux été nommés capitaines.

Remarquez que Jacques Martin fera bien ce qu'il veut. Ces gens-là se font un plaisir de ne pas entendre nos opinions.

Mais ce sont eux qui paient la note en cas d'échec. Tant mieux.