Vous prenez la ligne orange jusqu'à la station Henri-Bourassa et vous levez les yeux de votre journal et vous voyez que vous êtes entourés d'Haïtiens. Mais ils sont moins volubiles et joyeux que d'habitude. Les plus vieux et les plus vieilles semblent tristes, comme perdus dans leurs pensées.

Bermane Stiverne est déjà au rendez-vous. Il grignote des olives de chez Daou, le superbe restaurant libanais, le préféré de Céline Dion et René Angélil.

Bermane Stiverne, 31 ans, boxeur poids lourd de l'écurie de Don King à Las Vegas, 18-1, 17 K.-O. Un nom à retenir. Né en Haïti, il a vécu une partie de son adolescence à Miami, puis à Laval.

«Mon frère et mes deux soeurs vivent en Haïti. Mon parrain est allé passer un mois avec eux en vacances. Je n'arrive pas à les joindre. Personne. C'est ce qu'il y a de plus dur. Ne pas savoir.»

Bermane est très athlétique... à 6'2 et 230 livres. Il a gardé les buts au niveau midget AAA à Laval. Il a ensuite obtenu une bourse de la prestigieuse Université Michigan State pour évoluer au poste de secondeur (ceux-là sont de vrais athlètes). Une grave blessure au genou l'a forcé à se tourner vers la boxe.

«Mon père faisait du kick-boxing avec Alain Bonamie quand j'étais petit. Ils m'ont appris.»

Don King

Comment est Don King?

«Il est toujours drôle à voir et à entendre. Mais quand il s'agit de business, il est très business. Il est direct. Il ne passe pas par quatre chemins pour dire ce qu'il veut.

«J'ai livré un combat à Montréal, au parc Jarry, le soir où Joachim Alcine a perdu son championnat. J'ai gagné par K.-O. au premier round. Pour me battre à Montréal, il faut que j'obtienne une libération de Don King pour un combat. Il est d'accord. J'aimerais bien revenir.

«J'espère que je suis l'espoir numéro un de Don King chez les poids lourds. Je pense que je le suis. Il a une grande confiance en moi, il prend soin de moi.

«J'ai représenté le Canada dans des tournois mondiaux. Quand je suis passé pro, je pensais seulement au K.-O., mais mon entraîneur, Don House, m'a appris le style de boxe professionnelle. Entre quatre rounds et 12 rounds, il y un monde de différence. Maintenant, je ne cherche plus le K.-O., j'attends l'occasion et elle vient toute seule. C'est plus facile. Je suis moi-même surpris.»

Las Vegas

«Je vis à Las Vegas, mais je viens souvent à Montréal pour voir mes deux fils. Je pense que je vais demeurer à Las Vegas le reste de ma vie. Les gens pensent qu'il n'y a que des casinos. Mais, il y a une vie en dehors du strip. Je ne suis pas joueur du tout, mais on peut tout avoir à Las Vegas, la tranquillité, les grands espaces, des endroits pour faire la fête, des spectacles...

«Et puis on vit entouré de boxeurs. Floyd Mayweather vient chez moi, d'autres aussi. À Las Vegas, Lucian Bute est bien connu maintenant. Et très respecté. Je le classerais deuxième au monde chez les 168 livres, après Artur Abraham. Il est très dangereux. J'ai rencontré Bute, c'est un gentil monsieur. Il n'a pas la grosse tête parce qu'il est champion du monde. J'en ai connu d'autres... J'espère être comme Lucian et toujours garder les pieds sur terre.»

(Si vous êtes amateur de boxe, vous aimeriez beaucoup déguster des olives avec Bermane Stiverne. Il raconte des choses fascinantes... Certaines ne peuvent malheureusement pas être publiées.)

«Beware»

Bermane était accompagné de son gérant, Camille Estephan, un homme d'affaires montréalais. Estephan s'entraîne à la boxe pour garder la forme. Il a rencontré Hermann Ngoudjo et s'est proposé comme gérant. Ngoudjo lui a présenté d'autres boxeurs, dont Bermane Stiverne. Ils ont lancé une gamme de vêtements de sport, Vladogo. Ils produisent la collection Beware, qui est le surnom de Bermane. Bermane «Beware» Stiverne.

Estephan prévoit que le prochain combat de son homme aura lieu le 6 mars à Las Vegas. Bermane cogne à la porte des 10 premiers au monde. Une autre victoire devrait lui ouvrir des portes dans le WBC et la WBA.

On va suivre ça de près.