La nouvelle qui a secoué le Centre Bell hier m'a beaucoup surpris. Pierre Gauthier pour remplacer Bob Gainey? Je m'attendais plutôt à René Angélil, avec Michel Bergeron comme entraîneur-adjoint en attendant et peut-être en provoquant la chute de Jacques Martin.

Farfelu?

Pas plus que ce qu'on entend à propos du départ de Bob Gainey depuis hier. Et avec ces deux-là, les cotes d'écoute exploseraient.

Gainey a-t-il été démissionné? demandait hier un des éléments les plus subtils des tribunes téléphoniques. Il pose la même question à chaque départ. Subtil, qu'on vous dit.

En fait, Bob Gainey a précédé de quelques mois une décision qui s'imposait. Cet homme, qui a connu du succès partout où il est passé, s'est solidement cassé la gueule pour la première fois et dans une ville où il ne voulait vraiment pas que cela se produise. Il ne doit pas être fier de lui. Son plan quinquennal régressait et on ne voit toujours pas où le Canadien s'en va. Gainey a donc pris la porte, comme il se doit.

On l'accusera maintenant d'une série de mauvaises décisions qu'un seul homme ne pourrait commettre pendant toute une vie. Certains membres de la section basse-cour des médias locaux laissent même entendre qu'ils sont personnellement responsables de la tournure des événements, que la direction du club les a écoutés et compris. Un ego en orbite peut faire dire n'importe quoi, on le sait.

Certains autres réclamaient le congédiement de Gainey avant même qu'il n'entre dans son bureau. La raison: il ne les rappelait pas. L'ancien capitaine avait compris qu'il ne servait à rien de le faire. Le seul critère, à Montréal, c'est la Coupe Stanley. De ce côté, il a joué et perdu.

Rappelons aussi que Gainey a vécu des moments personnels difficiles et qu'il en avait peut-être assez de ce mauvais cirque, où l'on parle de hockey 12 mois sur 12 et où l'absence d'un joueur à l'entraînement est une «bombe». La nouvelle d'hier devrait émoustiller certains membres de la presse pendant un bon bout de temps.

Et puis tiens, pourquoi pas Réjean Houle, Mario Tremblay et Yvan Cournoyer?

Ah! J'oublie, on l'a déjà essayée celle-là.

Et Serge Savard comme président?

Ah! J'oublie, il y a déjà un président.

Il faut toujours suivre sa première idée (parlez-moi d'une formule vide). Alors, je persiste: René Angélil et Michel Bergeron. Et je suis certain qu'ils sont certains d'avoir toutes les solutions.

Quoi? Les dirigeants du CH ne sont pas d'accord. Alors ils sont tous incompétents et devraient tous prendre la porte. À moins qu'ils ne me rappellent et viennent jouer une ronde de golf avec moi. Dans ce cas, il faudrait que je loue des bâtons.

Un DG bien préparé

Le chauffeur de taxi haïtien qui m'amené au Centre Bell a demandé ce qui pouvait bien s'y passer à une telle heure?

«Quoi? Ça va faire tout un remue-ménage! C'est drôle, dans ce milieu, on est bon, on est bon, on est un dieu et puis, un jour, on n'est plus bon.»

Vous avez tout compris, monsieur.

Le Bob Gainey qui s'est présenté à la salle de presse bondée ressemblait à un homme soulagé. Il a parlé d'une journée heureuse pour lui. Il a dit qu'il avait besoin de plus de temps pour lui, sans savoir ce qu'il allait en faire. «Je vais peut-être jouer du piano...»

Un collègue lui a demandé s'il avait choisi ce moment pour s'écarter afin d'éviter d'être jugé à la fin de son contrat en juin. «Je suis jugé à tous les jours depuis six ans et demi. À compter de demain, ce sera au tour de Pierre (Gauthier).»

On a ri, même Gauthier, mais un peu jaune dans son cas.

Et puis, Gainey a posé un geste qui en disait long. Après avoir répondu à des questions, il s'est levé et a quitté la salle, laissant Pierre Gauthier (et Pierre Boivin) sur la scène. «Je vais partir maintenant. Je vous laisse avec Pierre.»

Il a presque ajouté: OUF!

Enfin, et plus sérieusement, le CH a choisi un DG qui ne pourrait être mieux préparé pour ce travail. Pierre Gauthier a tout fait à la direction de clubs de hockey.

J'espère pour lui qu'il supporte bien le second-guessing, c'est-à-dire les gens qui savent et qui critiquent... après.