Je n'y suis pas. Devrais-je y être? Je ne sais pas. Tout le monde y est. Même Barack Obama. Mon idole. Votre idole. Sur le Facebook de Barack, on apprend que ses Interests sont le basket-ball, l'écriture et passer du temps avec les kids. Que ses films préférés sont Le Parrain et Vol au-dessus d'un nid de coucou. Comme moi. Et que son émission de télé préférée est le bulletin des sports. Comme moi.

On pourrait sûrement être amis. Mais il en a déjà 3 630 470 répertoriés. Pas sûr qu'il aurait le temps de venir regarder mes photos des Fêtes.

 

N'empêche, il faut vivre avec son temps. Si Obama est sur Facebook, c'est parce qu'il faut être sur Facebook. Le changement passe par là. J'y vais.

www.facebook.com, j'y suis. Mon nom... ça va. Mon adresse courriel... ça va. Ma date de naissance... ça va. Ma situation amoureuse... O.K. En couple. Intéressé par...? Hommes? Femmes? C'est toujours là que mon enthousiasme à me joindre à la grande communauté Facebook commence à s'estomper. Quand j'ai l'impression de m'inscrire à une agence de rencontres.

Et je bloque toujours sur la case suivante. Je recherche: Amitiés? Rencontres? Une relation? Réseau professionnel?

Amitiés? Non, je ne recherche pas d'amis. En tout cas, pas sur l'internet. J'en ai déjà. Pas beaucoup. Mais assez. Assez pour ne pas avoir le temps de m'occuper d'eux à mon goût. De les voir autant que je voudrais. Et là, je chercherais à m'en trouver d'autres virtuels? Ce serait un affront à mes amis bien réels.

Je sais, l'une des raisons d'être de Facebook, c'est de retrouver ses anciens camarades de classe. C'est la version web d'Avis de recherche avec Gaston L'Heureux. On reprend contact avec le p'tit Talbot ou le grand Langlois. Mais pourquoi, voulez-vous bien me le dire? Si le p'tit Talbot ou le grand Langlois ne font plus partie de mon existence, c'est parce qu'ils n'ont plus à le faire. Si c'était «amis que vent emporte, et il ventait devant ma porte», pourquoi voudrais-je qu'un cyclone me les ramène?

L'amitié ne se renoue pas par un clic. L'amitié se renoue par le destin. Le destin qui rapproche et qui sépare. Malheureusement, le destin n'aime pas qu'on le force. C'est pour ça qu'il n'est pas sur Facebook.

À moins que vous ne vous inscriviez sur Facebook dans l'espoir de retrouver quelqu'un en particulier. Alors là, Facebook peut devenir l'instrument du destin, votre Claire Lamarche personnelle, et vous arranger des retrouvailles avec l'ami tant espéré. Dans mon cas, tous les vieux amis auxquels je tenais, je sais où les trouver. Ils sont encore dans mon coeur.

Rencontres?

Ça, c'est le côté Lovers de Facebook. C'est la nouvelle discothèque. Au lieu de chercher de nouvelles rencontres dans les bars, on se connecte et on écrit sur les murs des nouveaux venus. On s'envoie des verres virtuels, des câlins virtuels, des contraceptifs virtuels (ce sont les contraceptifs qui fonctionnent le mieux). Le problème avec cette nouvelle drague, c'est qu'on se heurte à des murs, justement. Et on ne voit jamais l'intérieur. C'est pareil dans les bars, me direz-vous. Vous avez bien raison. Le bar, comme le web, est un faux endroit. Il faudra amener nos rencontres dans la vie pour savoir ce qu'elles valent vraiment. Alors pourquoi ne pas les faire dans la vie, en partant? On gagne du temps.

Tout ça pour dire que je ne veux pas rencontrer. Prochaine option...

Une relation?

Encore bien moins. J'en ai déjà une. Je suis comblé.

Réseau professionnel?

Ça, ça fait 2009. Se créer un réseau professionnel. Big time. D'un contact à l'autre, devenir copain avec Bill Gates ou Steven Spielberg, c'est bon pour le C.V. Malheureusement, je n'ai pas le temps. J'ai trop d'ouvrage pour me créer un réseau professionnel.

Je ne sais pas quelle case cocher. Obama n'a pas répondu à cette question non plus. Mais lui, c'est t'ivident, il recherche des votes, des supporteurs. C'est pour ça qu'il est sur Facebook. Comme je n'ai pas l'intention de devenir président des États-Unis ou maire de Huntingdon, qu'est-ce que j'irais faire là?

Le jour où Facebook ajoutera dans ses choix: rien, je ne recherche rien, ça me fera plaisir d'en faire partie. Et de me lier avec d'autres gens qui ne recherchent rien. D'ici là, je demeure dans l'ancien temps. Sans profil sur Facebook.

Je sais que bien des gens sont sur Facebook pour être en contact avec la petite gang de vrais amis qu'ils ont déjà. Pour les tenir informés de leur vécu. Pour leur dire ce qu'ils ont fait hier, ce qu'ils feront demain. À ceux-là, j'aimerais leur faire découvrir une invention encore plus géniale que Facebook. Elle vous permet d'entrer en contact avec l'ami, de lui poser des questions, de lui raconter vos expériences et de recevoir ses réponses, ses réactions et ses conseils instantanément. Vous pouvez même entendre sa voix. Ça s'appelle le téléphone.

Pour joindre notre chroniqueur: stephane@stephanelaporte.com