Les histoires en campagne électorale, c'est comme les feuilles des arbres en automne : elles tombent, elles tombent, elles s'accumulent et on n'a pas toujours le temps de les ramasser.

Alors, avant que le vent ne les pousse toutes au loin, voici, dans une ratatouille électorale, quelques histoires glanées ici et là depuis quelques jours.

Histoires de femmes

Petit quiz : quel parti, selon vous, compte le plus de femmes parmi ses candidates au Québec ?

Le Parti libéral ? Non.

Stéphane Dion a fait un effort et s'est vanté avec raison d'avoir recruté plus de 30 % de candidates pour ces élections, mais son parti est devancé à ce chapitre par le NPD.

Au total, NPD : 29 candidates, PLC : 27.

Le Bloc québécois, qui aime bien se targuer d'être progressiste, termine troisième, avec seulement 20 candidates.

Les derniers, sans surprise, les conservateurs, n'ont trouvé que 14 femmes pour 75 circonscriptions. Stephen Harper a du mal à séduire l'électorat... et les candidates.

Cela dit, une de leurs candidates pourrait compter pour deux. Marie-Josée Mercier, candidate dans Saint-Jean, est enceinte de plusieurs mois et elle le montre d'ailleurs fièrement dans ses publicités électorales.

Normalement, les candidats conservateurs sont photographiés du buste vers le haut, mais Mme Mercier est debout, les mains sur la bedaine saillante juste au-dessus des slogans conservateurs « Le Québec prend des forces » et «On tient parole». Même pas besoin d'ajouter les fameuses valeurs familiales auxquelles tiennent tant les conservateurs, ça se voit !

Du côté des libéraux, le recrutement de femmes candidates a été fructueux, mais il a parfois fallu chercher loin.

La candidate libérale dans Louis-Saint-Laurent, à Québec, par exemple, vit à... Ottawa. En fait, elle a déménagé à Ottawa il y a deux ans après avoir passé presque toute sa vie en Colombie-Britannique. Voilà ce que l'on appelle une parachutée. Elle est née à Montréal, ce qui n'aidera toutefois pas sa cause auprès des électeurs de Québec.

Les libéraux ont aussi dû chercher jusqu'à la dernière minute, nommant des candidats dans les heures avant et tout juste après le déclenchement.

C'est le cas de Claire Sainte-Marie, arrivée sur les rangs en catastrophe. Comme elle n'a pu donner le délai prévu de 30 jours à son employeur, le cégep de Saint-Jean, elle ne pourra s'absenter de son travail pour faire campagne.

Une campagne sans pancarte, sans argent, sans bénévoles et que les jours de fin de semaine... C'est pour le moins inusité.

Parlant de candidate arrivée sur le tard, les libéraux viennent de remplacer leur encombrant candidat Ricardo Lopez, dans Beauharnois-Salaberry, éjecté pour propos controversés à l'époque où il était député conservateur sous Brian Mulroney, par... sa fille, Maria.

Un slogan inspiré

Stéphane Dion, champion de l'environnement, a poussé un cran plus loin le principe du recyclage, s'inspirant fortement de deux slogans électoraux usagés pour les présentes élections.

Son cri de ralliement « Ensemble, tout est possible », ressemble beaucoup au « Tout devient possible avec Nicolas Sarkozy », utilisé par l'UMP lors des dernières présidentielles françaises.

Il faut noter que le slogan du parti du président de la République semblait, lui, inspiré directement du « Oui, et tout devient possible », du camp du OUI, ici, lors du référendum de 1995.

Est-ce que les auteurs de slogans électoraux peuvent toucher des droits d'auteur ?

Crime de chiffres !

La loi et l'ordre, c'est bien connu, est un sujet fétiche des conservateurs. Stephen Harper l'a démontré encore cette semaine en promettant de soumettre des jeunes criminels violents (homicide, agressions sexuelles) de 14 ans à des peines à perpétuité.

En écoutant les conservateurs, on a l'impression que nous vivons dans une société violente menacée par une criminalité galopante.

N'en déplaise à M. Harper, les chiffres officiels de Statistique Canada disent le contraire.

Voici deux extraits des faits saillants de son dernier rapport :

> Le taux de criminalité chez les jeunes a augmenté de 3 % en 2006, soit la première hausse depuis 2003. Cette augmentation a été alimentée en grande partie par la hausse de 9 % des autres infractions au Code criminel, comme les méfaits et le fait de troubler la paix. La criminalité de violence chez les jeunes a augmenté de 3 %, tandis que les crimes contre les biens commis par des jeunes ont diminué de 3 %. En 2006, le taux de jeunes inculpés d'homicide était à son plus haut niveau depuis 1961, année où les données ont été recueillies pour la première fois.

> En 2006, le taux national de criminalité a été à son plus bas niveau en plus de 25 ans. Le taux de criminalité a fléchi de 3 % l'année dernière à la suite d'une baisse de 5 % en 2005. Par ailleurs, il a diminué d'environ 30 % depuis le sommet qu'il a atteint en 1991, après avoir augmenté régulièrement au cours des années 60, 70 et 80.

Le gouvernement conservateur de M. Harper devrait peut-être songer à réduire les budgets de Statistique Canada.