Plus qu'une semaine de campagne.

Alors, avant qu'il ne soit trop tard, voici une autre récolte de nouvelles régionales qui, mises ensemble, donnent une deuxième généreuse ration de ratatouille électorale, assaisonnée cette fois à la vieille épice «Votez du bon bord».

Votez du bon bord 1

La ministre du Patrimoine, Josée Verner, est invisible sur la scène nationale quand vient le temps d'expliquer les compressions de son gouvernement dans les programmes culturels, mais cela ne l'empêche pas de promettre de beaux dollars en région. À la condition que ces régions votent du bon bord, évidemment.

De passage à Magog la semaine dernière pour appuyer le candidat conservateur Mark Quinlan, Mme Verner a laissé entendre aux promoteurs de la Traversée du lac Memphrémagog qu'ils pourraient recevoir une aide financière d'Ottawa, mais que ce serait plus facile avec un député conservateur.

«C'est évident que, lorsqu'il y a un député qui nous interpelle directement, ça contribue à activer le dossier», a-t-elle déclaré à l'hebdomadaire Le Reflet du Lac.

Les conservateurs affirment vouloir changer la culture de la subvention au Québec, mais ils ont apparemment un peu de mal à changer la culture politique.

Un adorable petit comédien

Restons dans la culture, mais du côté de Saint-Hyacinthe cette fois.

La comédienne et sénatrice Andrée Champagne, ancienne députée conservatrice du coin, a admis sans détour dans une entrevue au Courrier de Saint-Hyacinthe, la semaine dernière, que son parti avait mal expliqué les coupes dans le domaine des arts et de la culture.

Patience, dit-elle, «la majorité des 45 millions (retirés) sera réinvestie dans des programmes mieux adaptés qui répondront aux besoins des artistes». MmeChampagne, «Donalda», comme on l'appelle encore dans le milieu politique, reproche par ailleurs aux artistes d'en avoir beurré trop épais: «La culture, ça touche tout le monde, c'est évident, mais les artistes qui mènent les revendications n'utilisent même pas ces programmes. Vincent Graton, c'est un adorable petit comédien, mais il ne gagne pas 12 000$ par année.»

Un «adorable petit comédien»...

Votez du bon bord II

Toujours à Saint-Hyacinthe, lieu du plus grand rassemblement, tous partis confondus, hier (le Bloc a attiré 2000 militants), les conservateurs ont subi trois coups durs qui réduisent sérieusement leurs chances de prendre la circonscription.

D'abord, Le Courrier de Saint-Hyacinthe a appris à ses lecteurs, il y a deux semaines, que le gouvernement Harper refuse de financer la création d'un réseau d'excellence en sécurité alimentaire (projet lancé par la Cité de la biotechnologie de Saint-Hyacinthe).

Andrée Champagne, la sénatrice conservatrice, s'est dite déçue de cette nouvelle, ajoutant: «Si le projet avait été porté par un député de la formation au pouvoir, peut-être aurions-nous obtenu un résultat favorable.»

Deuxième coup dur: Richard Grisé, le directeur de campagne du candidat conservateur René Vincelette, a été remercié il y a quelques jours, après que La Presse eut rappelé ses démêlés avec la justice à l'époque où il était député de Chambly (sous Mulroney).

Troisième tuile: les conservateurs souhaitaient profiter d'une visite dans la circonscription de Maxime Bernier, mercredi dernier, pour se faire un peu de pub. Manque de chance, la visite de l'ancien ministre a coïncidé avec la publication d'extraits chocs du livre de son ex, Julie Couillard. M. Bernier n'a donc fait que passer très, très discrètement...

Yolande plonge

Yolande Brunelle, la femme de Gilles Duceppe, est omniprésente dans la vie professionnelle et privée du chef du Bloc, comme l'a toujours été Aline Chrétien pour son mari, Jean.

Cela dit, elle a toujours été aussi très discrète avec les médias. Dans une rare entrevue, accordée au magazine La Semaine (et rédigée par Chantal Renaud, amie de la famille Duceppe et femme de Bernard Landry), Mme Brunelle plonge, y allant même de déclarations étonnantes à propos de l'utilité du Bloc québécois, du français et de la souveraineté.

Voici deux extraits:

Chantal Renaud: Certains disent que le Bloc ne peut rien faire pour la souveraineté.

Yolande Brunelle: Ils se trompent. Car le Québec, en votant pour le Bloc québécois, empêche à chaque fois le Canada d'avoir un gouvernement majoritaire. Voilà donc un pays qui se gérerait mieux sans le Québec. Ce n'est pas rien. Sans compter qu'un gouvernement majoritaire, c'est celui qui peut décider seul d'envoyer nos soldats en Afghanistan ou d'augmenter nos taxes pour payer la pollution en Alberta (...).

Chantal Renaud: Avez-vous déjà songé à faire de la politique?

Yolande Brunelle: Mais je fais de la politique. Mon travail (elle est directrice d'une école primaire dans Saint-Henri) est politique. Quand j'accueille en français les petits immigrants à l'école, et que je parviens à faire comprendre à leurs parents l'importance d'apprendre cette langue et de l'aimer, je fais avancer la cause (...).

«Le Canada se gérerait mieux sans le Québec»? Vraiment?

La présence du Bloc à Ottawa depuis 18 ans ne prouve-t-elle pas exactement le contraire?

Et, au fait, le Bloc n'a empêché des gouvernements majoritaires au Canada, pour reprendre les termes de Mme Brunelle, que quatre ans au cours de ses 18 ans d'existence.

Va falloir une autre entrevue pour éclaircir tout ça.

Des liaisons clandestines

On parle beaucoup depuis le début de cette campagne des relations publiques entre l'ADQ et les conservateurs, mais les libéraux provinciaux ont aussi quelques liaisons avec les troupes de Stephen Harper.

On a vu le ministre Raymond Bachand appuyer très publiquement Michael Fortier vendredi, mais certains libéraux sont plus discrets.

Ainsi, on sait que les deux députés de Jean Charest dans le secteur de Vaudreuil, Lucie Charlebois et Yvon Marcoux, ont prêté leur machine à Michael Fortier.

Ailleurs, le candidat conservateur de Laval, Jean-Pierre Bélisle, compte lui aussi des rouges provinciaux dans son équipe.

Même chose pour Marie-Josée Mercier, dans Saint-Jean, qui a reçu l'appui des anciens députés libéraux provinciaux Jacques Tremblay, Jean Rioux et Michel Charbonneau.

Dans Brome-Missisquoi, le candidat libéral Denis Paradis peut évidemment compter sur son frère, Pierre, député provincial. Et dans Papineau, Justin Trudeau a reçu l'appui discret du libéral provincial Gerry Sklavounos.

On raconte aussi que le ministre de la Sécurité publique et de la Justice du Québec, Jacques Dupuis, s'entend très bien avec son collègue de circonscription au fédéral, Stéphane Dion.

Par contre, il est faux de prétendre que Jean Charest a donné à ses troupes sherbrookoises le mandat de faire élire le candidat conservateur, André Bachand.

courriel Pour joindre notre chroniqueur: vincent.marissal@lapresse.ca