Les élections partielles, c'est bien connu, sont presque toujours une occasion de passer un message désagréable au gouvernement.

Hier, dans Rivière-du-Loup, le message a été effectivement désagréable, mais il était toutefois adressé à l'opposition officielle, le Parti québécois.Après 14 ans dans l'opposition avec l'enfant chéri de la place, Mario Dumont, les électeurs de Rivière-du-Loup ont décidé de choisir un député au pouvoir. Jean D'Amour, l'ancien maire de Rivière-du-Loup, devient donc officiellement député libéral à sa troisième tentative.

Depuis que Jean Charest est au pouvoir, c'est la première fois, en 16 élections partielles, qu'il gagne ailleurs qu'en terrain déjà conquis. Honte absolue, il avait même perdu la circonscription de Laurier-Dorion au PQ en 2004.

Cette fois, avec un gain dans Rivière-du-Loup, le chef libéral gagne clairement du terrain en région francophone et nationaliste.

Au début de cette campagne, les libéraux étaient pourtant bien peu nombreux à parier sur les chances de leur homme. D'abord, le PQ avait repêché un candidat d'expérience, Paul Crête, qui était député bloquiste du coin depuis 16 ans, connu dans la région et reconnu pour son ardeur au travail. Ensuite, le candidat D'Amour a été condamné pour conduite avec les facultés affaiblies tout juste avant la campagne et on le soupçonne aussi d'avoir parlé affaires avec son successeur à la ville de Rivière-du-Loup sans s'enregistrer comme lobbyiste. N'empêche, l'argument d'un député au pouvoir a porté.

Pour Pauline Marois, il s'agit d'un dur coup qui s'ajoute à une fin de session difficile.

De toute évidence, sa nouvelle stratégie de la souveraineté à la pièce n'a pas séduit un électorat qui élisait pourtant le chef des autonomistes depuis 1994.

Cette contre-performance du PQ est un fidèle reflet de ce que l'on voit dans les sondages depuis les dernières élections: Pauline Marois n'arrive pas à s'imposer malgré les erreurs et les problèmes du gouvernement libéral.

Entre bières et BBQ, les bilans s'annoncent pénibles pour les péquistes cet été.

Quant à l'ADQ, personne ne leur accordait la moindre chance de garder Rivière-du-Loup. On a vu, en effet, que, sans Mario Dumont, l'avenir est sombre pour les adéquistes.

Dans Marguerite-Bourgeoys, tout le contraire de Rivière-du-Loup, côté suspense. Les jeux étaient faits avant même le déclenchement des partielles. En fait, Monique Jérôme-Forget aurait pu passer les clés de son bureau de comté à Clément Gignac que personne ne s'en serait vraiment rendu compte.

L'arrivée de Clément Gignac, un économiste respecté, dans l'équipe Charest est certes un bon coup pour un premier ministre en manque d'inspiration, mais il y a tout de même quelque chose de gênant pour le PLQ de faire élire un autre député montréalais - vraisemblablement destiné au cabinet - avec un si faible taux de participation.

M. Gignac se retrouve à ce chapitre en compagnie d'autres ministres - Jacques Dupuis, Pierre Arcand, Yolande James, notamment - élus dans la plus grande indifférence par un noyau gagné d'avance dans des châteaux forts de la métropole.

Pour la petite histoire, il est cocasse de noter que l'élection de M. Gignac est tombée le jour même où le gouvernement fédéral a annoncé son intention d'aller de l'avant avec une commission des valeurs mobilières pancanadienne, un projet unanimement décrié à l'Assemblée nationale, mais auquel a participé le nouveau député de Marguerite-Bourgeoys tout juste avant de faire le saut en politique.

Cela n'en fait pas un «traître», comme l'a affirmé Pauline Marois il y a deux semaines, mais cela complique tout de même un peu son entrée au Conseil des ministres, surtout s'il accède à un poste économique.

Les élections partielles d'hier soir auront aussi permis de constater que l'effet Québec solidaire semble confiné aux limites du Plateau Mont-Royal, où le jeune parti a fait élire un premier député, Amir Khadir, en décembre.

Hier soir, QS n'a récolté que des grenailles dans les deux circonscriptions. Idem pour les verts, qui, décidément, n'arrivent pas à s'extirper de la marginalité.

Précision

Dans une série d'articles publiés la semaine dernière sur le traitement des députés provinciaux et fédéraux, touchant notamment les allocations de départ versées aux ex-députés de l'Assemblée nationale, j'ai omis, à cause d'une bête erreur dans la transmission des données, d'indiquer que les calculs de ces indemnités ont été méticuleusement cumulés par la Ligue des contribuables du Québec depuis des années. Cette erreur est d'autant plus regrettable que la Ligue, par son travail de moine à déterrer des chiffres gardés secrets à Québec, me permettait de gagner beaucoup de temps dans ma recherche.

Mes excuses, donc, à quiconque aurait pu en prendre ombrage.