Si le cynisme électoral était coté en Bourse, ses actions vaudraient très cher par les temps qui courent.

Malheureusement, encore une fois, c'est plutôt la classe politique qui subit une dévaluation vertigineuse. Et ce ne sont pas les foires d'empoigne et les échanges «celui-qui-le-dit-celui-qui-l'est» comme ceux que l'on a pu voir hier à l'Assemblée nationale qui aideront à redorer l'image des élus.

 

Entre les stratégies douteuses des partis pour gagner des points et les contorsions intellectuelles de leur chef pour nier la réalité, entre l'utilisation éhontée de fonds publics à des fins partisanes et les petits jeux de pouvoir, entre le manque de direction cohérente et les faux-fuyants, le climat politique actuel a de quoi refroidir l'électeur le plus enthousiaste.

À lire les courriels qui aboutissent dans mon BlackBerry ces jours-ci, il semble que le cynisme tourne même au dégoût chez plusieurs d'entre vous. C'est vrai qu'il faut avoir le coeur bien accroché pour suivre la politique. Et surtout, pour ne pas décrocher.

Bilan d'une semaine de misère (et nous ne sommes que jeudi!).

Ciel, un trou dans la loi!

Les «affaires» municipales qui secouent Montréal sont en soi affligeantes, mais la réaction du gouvernement Charest l'est peut-être encore davantage.

D'abord, Québec refuse de créer une commission d'enquête pour démêler les liens entre les mondes politique et de la construction. Juste pour entendre le témoignage de Benoit Labonté (qui a nié, avant de fuir à toutes jambes la scène publique), de Frank Zampino et de leurs amis entrepreneurs, cela vaudrait la peine. On part de là, et après, qui sait ce que l'on trouvera.

C'est bien pour ça que le gouvernement Charest ne veut pas d'une enquête publique. Pourtant, il ne nie pas le problème. Il vient même d'annoncer des modifications à la loi électorale pour boucher des trous gros comme un nid-de-poule montréalais.

Pourtant, le gouvernement du Québec reconnaît que ses «créatures», les municipalités, ne collaborent pas avec ses fonctionnaires (la police dit la même chose) quand on leur demande des comptes.

Cela ne laisse pas beaucoup de choix au ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, et à son confrère de la Réforme des institutions démocratiques, Claude Béchard. À moins d'emprunter le Taser de leur collègue Jacques Dupuis, il n'y a qu'une enquête publique pour amener les récalcitrants «dans la boîte», comme on dit dans le jargon judiciaire.

Ignatieff vire de bord, Layton aussi...

Parlant d'indécence, il y avait un peu de cela dans la façon dont Michael Ignatieff a expliqué mardi que, finalement, il ne souhaitait plus d'élections à tout prix. «Les Canadiens nous ont dit qu'ils n'en veulent pas», a dit le chef libéral après avoir visité une garderie.

Normalement, lorsque l'on voit un chef libéral dans une garderie, c'est que les élections approchent. Cette fois, c'est le contraire. Mais ce n'est pas une raison pour prendre les électeurs pour des enfants de 3 ans.

Ce n'est pas tant que les Canadiens ne veulent pas d'élections, mais plutôt qu'ils ne veulent pas des libéraux (et de leur chef) pour le moment.

Voilà qui explique également pourquoi le chef du NPD, Jack Layton, est en train lui aussi de virer de bord. Les libéraux plantent en Ontario, dans les maritimes et en Colombie-Britannique, c'est bon pour le NPD.

Après avoir promis aux conservateurs son appui pour un projet de loi sur l'assurance emploi qui n'a pas encore été adopté, voici que Jack Layton dénonce la lenteur de Stephen Harper sur le front des changements climatiques.

De beaux gros chèques

Que des députés conservateurs étampent impunément le logo de leur parti sur des chèques pour distribuer de l'argent public à des organismes, c'était déjà indécent.

La défense du premier ministre l'est encore davantage: «Il est normal que nos députés veuillent tirer du mérite pour leur travail dans leur comté.»

Au moins, le premier ministre a reconnu que ce genre de pratique n'est pas correct. «Nous essayons de ne pas faire ça», a-t-il dit.

Nous voilà rassurés.

L'honorable sénateur Housakos

Autre épisode peu édifiant chez les conservateurs: on a appris cette semaine que l'un de leurs nouveaux sénateurs, le Montréalais Léo Housakos, a organisé une activité de financement pour son parti avec des gens de la firme pour laquelle il travaille, et qui a reçu quelques mois plus tard un contrat du gouvernement fédéral pour une étude concernant le pont Champlain.

Réponse de l'honorable sénateur, hier dans La Presse: c'est un complot.

«C'est quelqu'un de mon propre caucus et je vais m'occuper de lui bientôt», a-t-il lancé pour toute explication.

La meilleure défense, c'est bien connu, c'est l'attaque. Au lieu de s'expliquer, le sénateur a plutôt choisi de jouer les caïds.

L'affaire est devant le commissaire à l'éthique du Sénat.