Quoi? Régis Labeaume sort de ses gonds? C'est le temps de mettre fin à mes vacances.

Vous me direz: le Maire de la Belle Ville de Québec (MBVQ) passe très peu de temps dans ses gonds. Y a pas de nouvelle là. En a-t-il seulement, des gonds?

C'est un peu vrai, j'avoue. Il y a des nouvelles qui n'en sont pas. Par exemple: «Le tramway de Montréal coûterait plus cher que prévu.»

 

Quoi? Une estimation erronée de la même agence qui a fait construire le métro de Laval? Stupéfiant.

On avait prévu que le tramway, qui partirait de la Côte-des-Neiges pour aller dans le Vieux-Montréal, coûterait 40 millions le kilomètre. Ce sera plutôt 60 (fois 12,5 km). Voyez-vous, les études «ne tenaient pas compte des contraintes techniques liées à la pente».

Tu parles d'une maudite malchance. Une pente! En plus, on n'a pas tenu compte du «ralentissement des travaux» causé par l'hiver.

Hon. Une pente! De la neige! Ils n'y avaient pas pensé. On ne peut pas penser à tout. Ils avaient dû faire une simulation en Arizona ou dans la station spatiale.

Personne, apparemment, n'avait remarqué que dans «Côte-des-Neiges», il y a «côte» et il y a «neige».

Toujours est-il que le MBVQ Labeaume est furieux contre Alain Simard, qui veut tenir ses FrancoFolies en juin plutôt qu'en juillet. Montréal va ramasser la crème des artistes francophones, dit le maire.

J'imagine que le maire a consulté Gérald Tremblay avant d'inviter le Cirque du Soleil un mois à Québec, ou quand les organisateurs du Grand Rire (festival de l'humour) ont commencé à se coller sur les dates de Juste pour rire. Non, il ne l'a pas fait? Gérald Tremblay devrait sortir de ses gonds!

Il a de très gros gonds, le maire Tremblay et il n'en sort pas souvent.

Mais que lui aurait répondu le maire Labeaume? Écrase, Gérald. On est en concurrence pour les touristes, les subventions, les commandites. Bonne chance.

Frénésie festivalière

Il arrive ce qui devait arriver, au fond, avec la croissance de l'industrie des festivals. À peu près inexistants il y a 40 ans, ils sont maintenant partout. Ils se multiplient, se copient, se dédoublent. On va bientôt en vomir.

Les villes s'en réclament, en font une vitrine dans la grande concurrence qu'elles se livrent. Voyez la stratégie de Toronto depuis cinq ans: détrôner Montréal comme ville de festivals. Sur plusieurs terrains, c'est fait.

Le maire de Québec n'a pas tout à fait tort de dire que les événements, largement subventionnés, ne devraient pas se nuire dans un monde idéal et subventionné. Mais il y en a tellement qu'on voit mal comment le faire sans une mainmise de l'État, ce qui serait excellent pour la planification mais désastreux pour la créativité.

Chaque bled a son festival, chaque date a son festival. Le temps et l'espace sont tapissés de festivals. Je me demande parfois ce que les êtres humains faisaient il y a 30 ans. On devait s'ennuyer affreusement. Non, mais on en a-tu, du fun, maintenant?

M'est avis que cette petite guerre larvée ne finira pas de sitôt. Certainement pas dans une année d'élections municipales, en tout cas.

Gomery municipal

Cette nouvelle-là en est une vraie: John Gomery qui se lance en politique municipale, comme chef de la trésorerie et directeur de conscience de Projet Montréal.

Il nous reste à évaluer correctement l'énigmatique Richard Bergeron, mais qui dira que ce n'est pas une bonne nouvelle pour la vie municipale? Louise Harel lui a souhaité la bienvenue. Gérald Tremblay lui a plutôt envoyé un coup de coude: il n'est plus objectif, il fait ça pour appuyer sa fille, dit le maire, qui est candidate de Projet Montréal.

Ah bon? Depuis quand faut-il être objectif en politique? Il y a deux ans, le juge Gomery a fait un don important à la bibliothèque de McGill, pour qu'on démarre une collection sur l'éthique dans la vie publique. Il se trouve qu'une de ses filles est aussi responsable de la collecte de fonds de cette université. Aurait-il redonné autant à son alma mater si sa fille n'y travaillait pas? Aucune idée. Est-ce que ça enlève de la valeur à son geste? Évidemment pas. C'est un acte absolument cohérent et honorable, comme celui de s'engager en politique dans le même parti que sa fille et de contribuer au débat sur l'intégrité et l'éthique en politique municipale.

En voyez-vous beaucoup d'autres, à Montréal, qui aient autant de crédibilité en la matière? Car enfin, le scandale des commandites, sur lequel il a enquêté, est indissociable de la question du financement occulte des partis politiques. Qui est mieux placé que John Gomery pour forcer le débat sur ce grand tabou?

Alors je dis: bienvenue, M. Gomery.

Tout d'un coup que la politique municipale deviendrait quasiment intéressante?

Fâchez-vous pas, M. Labeaume, mais ce festival-là éclipsera sûrement la campagne à la mairie de Québec, vu que tout y va si bien qu'on prévoit une course à un.