La nouvelle est tombée à un drôle de moment, hier: en compagnie de 90 représentants des médias internationaux, nous visitions le très écolo village olympique de Whistler.

Ici, la clinique médicale high tech, là le centre de divertissement des athlètes, plus loin des maisons mobiles recyclables pour de futurs HLM...

 

Puis les téléphones se sont mis à vibrer... Quoi? On mettra aux enchères en plein milieu des Jeux la station où se déroulent les épreuves de descente et de slalom, Whistler Blackcomb?

Vendre la montagne pendant les Jeux olympiques? Exit les questions sur le tracé de la piste de ski de fond et le recouvrement neigeux... Les topos aux images bucoliques sur fond de brume ont pris le bord...

La possible mise en vente du joyau d'Intrawest n'est en fait qu'une demi-surprise. Les affaires vont mal depuis un certain temps déjà. Les banques ont juste officiellement perdu patience.

Mais faire cette vente le 19 février pendant que 3 milliards de téléspectateurs regardent, ça fait un peu désordre.

Ce que ça change pour les Jeux olympiques? Pas grand-chose, rien en fait du point de vue sportif. Tout se déroulera comme prévu. Sauf que... on n'en avait pas besoin.

Comme pour faire exprès, le Comité organisateur des jeux de Vancouver (Covan), tenait hier son dernier conseil d'administration, et en public, pour créer une sorte d'enthousiasme. Les sites sont superbes, la construction terminée depuis longtemps, et même s'il fait pas mal trop chaud, on a de la neige en réserve.

La flamme olympique arrivera en Colombie-Britannique ce matin dans le col de Kickinhorse, en passant de la main de l'ancien premier ministre de l'Alberta Peter Lougheed à celle de l'entraîneur des Lions de la Colombie-Britannique, Wally Buono. Bref, tout est presque prêt, tout va bien...

Alors, au Covan, on n'a rien à dire sur cette histoire bancaire.

«Vous comprendrez que nous ne pouvons faire de commentaire sur les finances d'Intrawest autrement que pour déclarer notre soutien à leurs efforts de règlement de leurs affaires financières», se contente-t-on de dire.

Le Covan doit compenser financièrement Intrawest à la fin des jeux, puisque la station doit être fermée pendant plusieurs semaines. La route menant à Whistler depuis Vancouver sera réservée aux véhicules autorisés et les détenteurs de billets de saison ne skieront pas au mois de février. Mais tout ça était prévu et réglé.

Ce qui agace surtout, c'est que l'histoire vient remettre à l'avant-scène, par la porte de côté, la question du financement des jeux. Ce n'est pas un désastre comme à Montréal, mais ça n'a pas été aussi bien que prévu. Et ça rouspète à gauche (pourquoi pas dépenser pour ceux qui en ont besoin?) comme à droite (encore des taxes et des dettes!).

Le fonds américain Fortress Investment, qui a acheté Intrawest en 2006, est le même qui devait financer la construction du principal village olympique, celui au coeur même de Vancouver. Pris par la crise financière, Fortress s'est désisté et c'est la ville de Vancouver qui a dû se porter garant du projet d'un milliard. La ville a bon espoir de revendre tout ça en condos à profit, mais ça ne se fera pas dans un avenir prévisible. L'immobilier n'est plus ce qu'il était il y a deux ans, quand on pouvait vendre les 500 condos d'une tour en une journée.

Bref, dans cette ville où l'esprit des jeux est encore assez discret, et où le chialage olympique (pas de parking, pas de billets, trop de dépenses, etc.) est une discipline populaire, on se serait passé de cette histoire.

Mais bon, c'est maintenant qu'on verra si les gens du Covan sont également bons dans le compostage et le recyclage des mauvaises nouvelles.

yves.boisvert @lapresse.ca