Il est de tradition pour les pages éditoriales des grands journaux en Amérique du Nord - du New York Times au Devoir en passant par le Globe and Mail - de prendre position à la veille des élections. Rien de plus logique: les éditorialistes exprimant un point de vue sur une foule de sujets à longueur d'année, n'ont-ils pas le devoir de se prononcer sur l'enjeu le plus important de tous en démocratie?

La Presse considère de plus que ces prises de position font partie des responsabilités sociales d'une grande entreprise d'information. Il ne s'agit surtout pas d'imposer notre point de vue, mais de le proposer à nos lecteurs, qui sauront en disposer selon leur sagesse habituelle.

Comme c'est toujours le cas, le point de vue exprimé à la veille d'élections n'engage que la page éditoriale de La Presse. La rédaction, elle, continue de faire son travail d'information en toute indépendance et objectivité.

Pour arriver à cette prise de position, la direction éditoriale du journal prend en compte plusieurs facteurs. Quel est le parti le plus apte à gouverner dans la période actuelle? Qui a présenté le programme le plus solide sur les enjeux de l'heure? Qui est le chef le plus apte à être premier ministre? Quelle formation a l'équipe la mieux qualifiée, notamment dans les circonscriptions du Québec? Quel est le bilan du gouvernement sortant?

Comme on le voit dans le rappel que nous faisons ici, notre réflexion a abouti à des conclusions fort différentes d'un scrutin à l'autre.

1984 > La Presse n'appuie aucun parti

«La Presse a bon espoir que cette large synthèse de l'actualité politique aidera le lecteur à s'acquitter au mieux de son devoir d'électeur. Aussi, pour cette fois, la direction s'abstient de lui dire où il devrait tracer sa croix sur le bulletin.» (Roger D. Landry, éditeur)

1988 > La Presse appuie le Parti conservateur

«Le gouvernement conservateur (de Brian Mulroney) doit être réélu pour un nouveau mandat, dans lequel il pourra assurer la réalisation des programmes qu'il a entrepris, y compris le libre-échange, dans la perspective d'une continuité de prospérité et de stabilité pour l'ensemble du peuple canadien.» (Roger D. Landry, éditeur)

1993 > La Presse appuie le Parti libéral

«Le Québec ne serait-il pas plus 'présent' s'il était représenté par des élus dont l'expérience politique est incontestable, une expérience qui sera un atout de premier ordre dans notre avenir collectif, à l'heure de la mondialisation? Quels que soient les coups bas que ses adversaires lui ont portés, M. Chrétien n'a-t-il pas montré, mieux que tout autre, au cours de cette campagne, qu'il avait les capacités pour devenir premier ministre et l'équipe pour former le gouvernement? La réponse à ces deux questions est oui.» (Roger D. Landry, éditeur)

1997 > La Presse appuie le Parti libéral

«Au terme de cinq semaines de campagne électorale, tout indique que les électeurs et les électrices reporteront au pouvoir l'équipe libérale de Jean Chrétien. Cette victoire, sans surprises, marque l'appréciation d'un très grand nombre de citoyens, au Québec et dans le reste du Canada, pour la qualité de l'équipe libérale et la compétence de sa gestion.» (Roger D. Landry, éditeur)

2000 > La Presse appuie le Parti libéral

«Des cinq partis qui s'affrontent, un seul est apte à former le prochain gouvernement, et c'est le Parti libéral du Canada.» (Alain Dubuc, éditorialiste en chef)

2004 > La Presse souhaite l'élection d'un gouvernement minoritaire

«Les libéraux et les conservateurs suscitent trop de réserves pour que les Canadiens puissent, sans inquiétude, leur confier la gouverne du pays pour les cinq prochaines années. (...) Un gouvernement minoritaire, de quelque parti qu'il soit, devrait gouverner avec prudence, tout en prenant les mesures visant à s'assurer éventuellement la confiance d'un plus grand nombre de Canadiens.» (André Pratte, éditorialiste en chef)

2006 > La Presse appuie le Parti conservateur

«Le Parti libéral du Canada est aujourd'hui rongé par l'usure et les guerres intestines. (...) Le Parti conservateur se présente désormais comme un véritable parti national, avec un programme modéré et cohérent et un chef donnant tous les signes d'être prêt à gouverner. Pour ces raisons, La Presse donne son appui au Parti conservateur de Stephen Harper en vue des élections de lundi prochain.» (André Pratte, éditorialiste en chef)