Plus on lit et relit l'accord conclu lundi par les chefs des trois partis de l'opposition, plus le malaise s'accroît. Un plan pour «remédier à la crise économique», ça? Il est loin d'être clair que ce plan agira plus rapidement et plus efficacement que celui du gouvernement Harper. On peut toutefois être certain qu'il sera plus coûteux.

Une parenthèse: on s'étonne que Stéphane Dion, généralement très sensible à ce genre de choses, ait signé un texte qui parle d'un partenariat «avec les Canadiens et les Québécois». Tiens, les Québécois ne sont plus Canadiens? M. Dion nous avait habitués à plus de... clarté.

Les trois partis conviennent que le gouvernement du Canada est aujourd'hui en situation déficitaire et que la relance de l'économie nécessitera de creuser ce déficit davantage. De combien? On ne le sait pas, puisque le document ne contient aucun chiffre.

La coalition tricolore promet de revenir à des budgets excédentaires «en quatre ans». Un engagement qui n'a aucune portée puisque ce gouvernement de coalition ne sera plus au pouvoir à ce moment-là.

Quelles sont les mesures prévues par l'accord? D'abord, des investissements additionnels en infrastructures. Or, l'énoncé économique de M. Flaherty annonce que les dépenses du fédéral en infrastructures atteindront un niveau record l'an prochain et qu'Ottawa s'active à accélérer la mise en oeuvre de divers projets. Entre les deux plans, quelle différence?

L'accord de la coalition prévoit des investissements pour donner un coup de pouce aux secteurs manufacturiers, forestiers et de l'automobile. Outre les mesures déjà mises en place, le gouvernement conservateur a dit qu'il viendra en aide à l'industrie automobile une fois que celle-ci lui aura soumis un plan et que Washington aura établi sa propre stratégie. Le gouvernement de coalition agirait-il avant même que ces étapes essentielles soient franchies?

L'entente rouge-orange-bleue prévoit l'annulation des compressions décidées par le gouvernement Harper dans le soutien à la culture. Une bonne idée... qui n'aura aucun effet notable sur l'économie. On envisage une «réforme de l'immigration». Quel rapport avec un plan d'urgence pour relancer l'économie? On annonce aussi la mise en place d'un programme de garderies. Pour lutter contre la récession?

En somme, contrairement aux prétentions de ses signataires, cet accord ne garantit en rien un soutien à l'économie plus efficace que l'approche mise de l'avant par le gouvernement conservateur.

À voir la coalition libéral-NPD-Bloc se moquer éperdument des sentiments des électeurs de l'Ouest; à entendre le premier ministre Harper évoquer à répétition la menace que représentent les «séparatistes du Québec», on prend conscience des dommages que pourrait causer cette crise à l'unité du pays.

On est encore plus inquiet lorsque la chef du Parti québécois, Pauline Marois, tire cette conclusion des événements à Ottawa: «On voit bien que ce pays-là, il ne fonctionne pas (...). La seule solution, c'est de sortir de là, c'est de choisir notre souveraineté.» De quoi faire réfléchir les nouveaux amis de M. Duceppe.