Ceux qui croyaient (ou espéraient) que le Canada ne serait pas frappé de plein fouet par la crise économique doivent se rendre à l'évidence: nous n'échapperons pas à l'ouragan qui balaie la planète. Selon les données publiées hier par Statistique Canada, le chômage a littéralement explosé au pays en janvier: 129 000 personnes ont perdu leur emploi.

Le secteur manufacturier est particulièrement mal en point; c'est là que 80% des pertes d'emploi ont été enregistrées. L'Ontario est durement touché par le déclin de l'industrie automobile. Le Québec souffre aussi, comptant 26 000 nouveaux chômeurs. C'est comme si toute l'assistance à une partie du Canadien avait été mise à pied!

 

À l'horizon, que des nuages noirs. Aucun secteur n'est à l'abri, comme l'illustrent les mises à pied annoncées ces derniers jours par Bell Helicopter et Bombardier. Les États-Unis, principaux acheteurs des produits fabriqués au Canada, glissent vers l'abîme. En janvier, 600 000 Américains ont perdu leur emploi. Depuis le début de la crise, il y a un an, les pertes d'emploi s'élèvent à 3,6 millions. Chez nos voisins comme ici, le secteur manufacturier titube, même dans les domaines de pointe. Ainsi, Microsoft a annoncé la suppression de 5000 emplois dans les prochains mois.

Ailleurs sur la planète, les pires nouvelles succèdent aux mauvaises. Toyota prévoit des pertes de 5 milliards pour l'année financière prenant fin en mars prochain. La multinationale japonaise était pourtant à l'avant-garde dans son domaine et avait devancé GM pour devenir le plus grand constructeur de voitures au monde. Peu importe, l'impensable vient de se produire: les agences de notation lui ont enlevé sa cote de crédit AAA.

Que doivent faire nos gouvernements dans les circonstances? D'abord, adopter des mesures ciblées pour venir en aide aux personnes qui ont perdu et perdront leur emploi, comme le suggère plus bas Jean-Pascal Beaupré. Il ne faut jamais l'oublier, derrière les statistiques sur le chômage se cachent des milliers de drames personnels et familiaux.

Ensuite, éviter de paniquer malgré l'hystérie qui s'emparera inévitablement des partis de l'opposition et des médias. Comme le rappellent les économistes de la Financière Banque Nationale, les pertes d'emploi enregistrées depuis le début de la crise sont bien moins massives que celles des deux précédentes récessions (1,2% de la main-d'oeuvre touchée contre 3,5% en 1990-91 et 5,4% en 1981-82).

Québec et Ottawa ont déjà annoncé des politiques de stimulation de l'économie qui permettront d'amortir le choc. Plutôt que de multiplier les conférences de presse, les politiciens et les fonctionnaires devraient s'assurer que ces politiques se concrétisent rapidement sur le terrain et qu'elles sont gérées efficacement.

Dans toute crise économique comme dans toute tempête, il vaut mieux rester calme et garder le cap que tout jeter par-dessus bord.