Le cinquième sommet des Amériques a pris fin sans que les 34 chefs d'État et de gouvernement ne parviennent à s'entendre sur le libellé du communiqué. Néanmoins, cette rencontre doit être vue comme une autre réussite du président américain sur la scène internationale. L'attitude et le discours conciliants de Barack Obama ont séduit même les adversaires les plus coriaces des États-Unis.

«Il nous est arrivé de vouloir imposer nos conditions, a reconnu M. Obama lors de la cérémonie d'ouverture. Je vous donne ma parole que nous recherchons un partenariat d'égal à égal. Je suis ici pour ouvrir un nouveau chapitre d'engagement qui sera soutenu tout au long de mon administration.»

 

À la veille du Sommet, le président avait annoncé la fin des restrictions sur les voyages et les transferts de fonds vers Cuba. Cette mesure, quoique modeste, a été perçue par plusieurs observateurs comme le premier pas vers la levée de l'embargo américain. Même si M. Obama et ses porte-parole ont souligné qu'on était encore loin d'un changement aussi important, la réaction positive de Raoul Castro laisse croire que les choses pourraient se passer plus vite qu'on ne le croyait possible jusqu'à maintenant.

Le réchauffement soudain des relations entre les États-Unis et le président du Venezuela, Hugo Chavez, constitue le développement le plus spectaculaire de ce sommet de Port of Spain. MM. Obama et Chavez se sont croisés à trois reprises en marge de la rencontre et chaque fois, les échanges ont été étonnamment chaleureux. Rappelons que le président Chavez est réputé pour son anti américanisme, lui qui n'a pas cessé de dénoncer la «dictature mondiale» imposée par les États-Unis. En fin de semaine, il a annoncé le retour d'un ambassadeur vénézuélien à Washington.

La méthode Obama semble donc porter ses fruits sur le continent américain, à tout le moins en ce qui a trait à l'atmosphère des relations internationales. Il reste à voir quels seront les effets concrets de cette façon de faire.

En tout cas, elle n'a pas empêché MM. Morales et Ortega d'accuser les Américains de tous les péchés de la terre. Le livre qu'Hugo Chavez a remis au président Obama, Les veines ouvertes de l'Amérique latine, est un essai célèbre dénonçant le «pillage» dont le sud du continent a été victime aux mains des grandes puissances.

Vendredi soir, le président américain exprimait le voeu que «si les États-Unis ne doivent pas avoir une politique d'ingérence dans les affaires des autres pays, cela doit aussi signifier qu'on ne peut pas blâmer les États-Unis pour tous les problèmes qui surgissent dans l'hémisphère». La suggestion de lecture de M. Chavez indique que les Sud-Américains ne sont pas prêts à effacer l'histoire aussi facilement.

Peut-être l'administration Obama ne se fait-elle pas d'illusions à cet égard. Son objectif est sans doute plus pragmatique, plus tactique. «Si je vous prends dans mes bras et que vous continuez à me frapper, devinez qui est blâmé?» souligne le chef de cabinet du président, Rahm Emanuel, au sujet de la manière douce de son patron. Quels qu'en soient les résultats, la méthode Obama a l'immense mérite d'être plus conforme aux valeurs démocratiques que l'approche étroite et arrogante de son prédécesseur.