Stephen Harper et Michael Ignatieff ont trouvé une solution élégante à l'impasse qui menaçait de plonger le pays en campagne électorale au beau milieu de l'été.

Les deux hommes se sont entendus pour créer un comité chargé d'étudier des modifications éventuelles au régime d'assurance emploi. De plus, le chef de l'opposition officielle s'est assuré de pouvoir soumettre le gouvernement à un vote de confiance dès la rentrée parlementaire de l'automne.

Des journalistes ont demandé à M. Ignatieff si la montagne n'avait pas accouché d'une souris. Il est vrai que nous sommes loin du changement majeur et immédiat à l'assurance emploi que réclamait le chef libéral. Une souris, ce groupe de travail? Admettons au moins qu'il s'agit d'une belle souris.

Cette entente permet d'éviter la tenue d'élections générales le 27 juillet. Des élections à cette date auraient gonflé le cynisme populaire à l'égard de la classe politique, ce qui aurait probablement fait chuter le taux de participation à un plancher record. Il fallait à tout prix éviter ce scénario.

En raison du mauvais souvenir laissé par le leadership de Stéphane Dion, des libéraux voulaient éviter que Michael Ignatieff appuie le gouvernement sans poser de conditions. Le problème c'est que, souhaitant éviter des élections estivales, le PLC a eu bien du mal à concevoir des conditions à la fois crédibles et réalistes. L'idée d'abaisser et d'uniformiser le nombre d'heures de travail requis pour avoir droit à l'assurance emploi est peut-être bonne, mais le gouvernement aurait été irresponsable s'il l'avait conçue précipitamment «sur le dos d'une enveloppe», comme l'a fait valoir le premier ministre.

Le groupe de travail bipartisan mis sur pied par les deux chefs permettra de creuser la question. Quels sont les avantages et désavantages d'uniformiser le seuil d'accès au programme sans tenir compte du taux de chômage dans les différentes régions? Si un seuil unique était jugé souhaitable, à quel niveau devrait-on le fixer?

Le groupe étudiera aussi le projet, déjà en partie envisagé par le gouvernement, d'étendre l'assurance emploi aux travailleurs autonomes. Bien des gens estiment une telle mesure souhaitable. Cependant, cela exigerait la résolution de difficultés techniques importantes. Par exemple, comment le gouvernement pourrait-il vérifier le nombre d'heures vraiment travaillées par une personne qui n'a pas d'employeur?

Si, par miracle, le comité parvient à un consensus, il ouvrira la voie à la plus importante réforme de l'assurance emploi depuis plus d'une décennie. Ce serait une avancée importante pour le filet social canadien.

Si, au contraire, l'esprit partisan l'emporte, la table sera mise pour des élections générales à l'automne, une saison beaucoup plus propice aux débats politiques.