Des ennuis de santé forcent Gilles Taillon à envisager son retrait de la course à la direction de l'ADQ. S'il décide d'abandonner pour se consacrer à un combat évidemment plus important, ce sera une mauvaise nouvelle pour le parti dont la campagne au leadership confirme les doutes des électeurs au sujet de l'avenir de l'ADQ post-Dumont. Pour tout dire, cette course s'est transformée en derby de démolition : l'ADQ risque d'en sortir en piteux état.

Malheureusement, M. Taillon lui-même a quitté le terrain des idées pour tomber dans le combat de boxe qu'il dénonçait il y a trois semaines à peine. Après avoir soutenu qu'il fallait éviter d'insulter ses adversaires afin de pouvoir refaire l'unité du parti après la course, M. Taillon a traité Éric Caire de « tricheur «, l'accusant d'avoir « trompé les Québécois en indiquant avoir un diplôme universitaire qu'il n'a pas «. Or, tout indique qu'il s'agit d'une simple erreur de transcription. Le CV publié sur le site internet de l'Assemblée nationale indique bien que M. Caire n'a pas complété ses études pour un baccalauréat en communications. Sur le site de campagne de M. Caire, le résumé de son parcours professionnel ne dit pas un mot de ce passage à l'université.

 

Bref, il n'y avait pas de quoi fouetter un chat. Or, M. Taillon ne l'a pas seulement fouetté, il l'a passé au hachoir à viande. Lundi, il en a remis, accusant M. Caire de ne pas avoir réussi un seul cours et le sommant de remettre son relevé de notes au parti. Est-ce à cette fin que l'ADQ avait tant insisté pour que les bulletins scolaires soient chiffrés ?

Venant d'un candidat qui prône « une prestation irréprochable sur le plan du contenu «, voilà qui est très décevant. On pardonne plus facilement les excès d'arrogance d'un jeune politicien comme Éric Caire. Toutefois, une telle attitude lui sera fatale, de même qu'à son parti, s'il devient chef sans avoir appris à maîtriser ses coups de gueule.

L'ADQ s'est effondrée en 2008 parce qu'elle avait perdu beaucoup de crédibilité. Ce qui se passe ces jours-ci risque de faire évaporer le peu qui reste.

Les candidats doivent s'empresser de revenir au débat d'idées. D'autant qu'idées il y a bel et bien. Par exemple, dans le texte que nous publions ci-contre, Éric Caire propose de repenser le nationalisme québécois suivant une approche moins centrée sur le passé et la menace de l'indépendance : « Notre seul moyen d'obtenir un véritable rapport de force au sein de la confédération est d'accroître le poids économique du Québec. « Voilà une approche bienvenue, très différente de celles mises de l'avant par MM. Taillon et Lévesque. Que les aspirants en discutent donc au lieu de comparer leurs bulletins de 3e année !