Deux études publiées au cours des derniers jours permettent de se faire une meilleure idée de l'état du système de santé canadien. Premier constat: ce n'est pas parce qu'un pays dépense plus que son système de santé répond mieux aux besoins de la population.

Un sondage mené dans huit pays par le Commonwealth Fund place les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande au sommet du palmarès au chapitre de la satisfaction de la clientèle du système de santé. Le Canada, lui, est dernier. Or, selon les statistiques publiées la semaine dernière par l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), les gouvernements des Pays-Bas et de Nouvelle-Zélande dépensent beaucoup moins pour la santé que ceux du Canada.

 

Les données de l'ICIS viennent contredire un autre mythe. On entend souvent dire que le secteur privé prend de plus en plus de place dans nos services de santé. Pourtant, depuis une douzaine d'années, la part des dépenses de santé assumées par le privé (assureurs et patients) n'a pas augmenté au Canada, restant à 30%.

Certains disent que la croissance des dépenses de santé ne pose pas de problème financier particulier pour les gouvernements. Là encore, les données les plus récentes de l'ICIS sont plus inquiétantes. Par exemple, on s'attend à ce que cette année, les dépenses totales de santé atteignent 12% du PIB canadien, un record. En 1975, cette proportion était d'à peine 7%.

En outre, la santé représente aujourd'hui 39% des dépenses de programmes des gouvernements provinciaux contre 33% il y a 15 ans. Au Québec, la santé accapare plus de 40% des dépenses de programme. Néanmoins, la province dépense moins par habitant que toutes les autres provinces. Est-ce pour cela que, selon le sondage du Commonwealth Fund, les soins médicaux sont plus difficilement accessibles ici qu'ailleurs dans le monde? Peut-être mais, comme on l'a dit plus haut, dépenses plus élevées ne riment pas nécessairement avec meilleurs soins. L'organisation du système et la répartition de ces dépenses sont également importantes.

Au Québec, notamment, on a choisi d'offrir aux malades un régime d'assurance-médicaments beaucoup plus généreux que ce qui existe dans les autres provinces. Or, le fardeau financier de ce régime ne cesse de s'alourdir pour le gouvernement. On le voit bien à la lecture d'un tableau présenté par l'ICIS. On y constate qu'à l'origine de l'assurance-médicaments, il en coûtait à Québec 700 millions par année. Douze ans plus tard, les coûts atteignent 2,5 milliards. Est-ce la meilleure façon de dépenser cet argent?

Selon le sondage du Commonwealth Fund, 60% des Québécois sont convaincus que des changements importants doivent être apportés au système de santé. Après le dégonflement de l'ADQ et le succès limité des changements apportés par les libéraux, qui reprendra le flambeau de la nécessaire réforme de la santé?