Le premier ministre, Stephen Harper, a finalement décidé de participer à la conférence de Copenhague sur les changements climatiques, le mois prochain. La raison officielle de ce changement dans les plans de M. Harper, c'est qu'avec la participation annoncée du président américain et du premier ministre chinois, une «masse critique» de chefs de gouvernement participant à la rencontre a été atteinte.

On peut croire que le premier ministre a aussi été sensible à l'opinion publique canadienne qui commence à en avoir marre de son indifférence apparente à l'égard de ce dossier. C'est d'ailleurs cette mollesse qui nuit le plus à la crédibilité du Parti conservateur lorsqu'il est question de la lutte contre les changements climatiques. On a l'impression que le gouvernement doit toujours se faire tirer l'oreille pour agir. Une telle attitude représente l'antithèse du leadership.

 

Le leadership peut se manifester autrement qu'en annonçant des cibles spectaculaires de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). En réalité, chaque pays choisit des cibles qui lui permettent de contribuer à une solution sans nuire à ses intérêts économiques. C'est le cas des États-Unis, où Barack Obama a annoncé un objectif de réduction des GES de 17% sous le niveau de 2005. Le monde a applaudi, même s'il s'agit d'une cible identique à celle du prétendu paria canadien. M. Obama souhaiterait sans doute faire plus mais ce n'est pas lui qui mène ce jeu-là, c'est le Congrès. Or, les représentants et sénateurs de plusieurs États estiment que des cibles trop contraignantes nuiraient à leur économie locale.

Les idéalistes voudraient voir le Canada proposer des objectifs ambitieux. Mais aucun gouvernement fédéral, de quelque couleur politique qu'il soit, ne pourrait se permettre d'adopter un plan nuisant à l'exploitation des ressources pétrolières de l'Ouest. L'obstacle est ici économique (y compris le niveau de revenus du gouvernement canadien) et politique. Il est infranchissable.

Si M. Harper et son ministre de l'Environnement, Jim Prentice, montraient plus de conviction dans ce dossier, les Canadiens seraient mieux disposés à entendre leurs arguments à ce sujet. On les croirait davantage, aussi, s'ils travaillaient d'arrache-pied pour convaincre et aider le gouvernement de l'Alberta et l'industrie pétrolière à trouver des façons d'exploiter les sables bitumineux de façon moins dommageable pour l'environnement. Or, lors d'un récent discours devant la chambre de commerce d'Edmonton, M. Prentice a soigneusement évité le sujet.

Stephen Harper sera donc à Copenhague. Y passera-t-il en coup de vent, comme il l'a fait il y a deux mois lors du sommet de l'ONU sur le climat? Nous souhaitons plutôt qu'il s'investisse à fond pour contribuer à une entente, dans la mesure de l'influence modeste du Canada. Les Canadiens n'en attendent pas moins de leur premier ministre.