À Copenhague, le gouvernement du Québec a fait preuve d'une arrogance détestable. Le premier ministre, Jean Charest, a profité de toutes les tribunes pour vanter les mérites de son gouvernement dans le dossier des changements climatiques. Il a même eu droit à l'exceptionnelle complaisance des groupes environnementaux, qui lui ont remis un prix.

Le gouvernement et bon nombre de Québécois à sa suite sont fiers d'avoir un bilan relativement bon en matière d'émissions de gaz à effet de serre (GES). Mais quel mérite avons-nous? Aucun. Quel sacrifice avons-nous fait? Zéro.

 

Ce bilan est essentiellement dû à la source de notre électricité. Cette ressource, l'eau, nous a été donnée par le destin. Nous n'avons pas choisi l'hydroélectricité pour des raisons environnementales, mais tout simplement parce que c'était la source d'énergie qui se trouvait en abondance sur notre territoire. Si l'Alberta jouissait du même potentiel hydroélectrique, les Albertains l'auraient exploité tout comme nous.

Il y a un domaine où nous aurions pu faire concrètement notre part pour réduire les émissions de GES: le transport routier. Comment avons-nous manifesté notre souci écologique? On compte aujourd'hui sur les routes du Québec 390 000 véhicules de promenade de plus qu'il y a cinq ans. Depuis 1990, les émissions de GES provenant du transport routier ont augmenté de 37%.

Le gouvernement Charest peut bien se vanter d'avoir imposé une taxe sur le carbone, sauf que celle-ci n'a pas d'effet significatif sur les prix de l'essence et du mazout. Si M. Charest avait le courage qu'il exige de son homologue fédéral, il augmenterait considérablement le niveau de cette «taxe verte» de façon à ce qu'elle ait un impact sur la consommation de carburant. Qu'attend-il?

Québec presse Ottawa d'adopter des cibles plus ambitieuses. Concrètement, cela signifierait que le gouvernement fédéral exigerait des provinces productrices de pétrole et de gaz qu'elles freinent leur production. Or, que fait le gouvernement du Québec au même moment? Il étudie de très près la possibilité d'exploiter les réserves gazières et pétrolières qui pourraient se trouver dans le sous-sol québécois. Que dirait M. Charest si Stephen Harper lui ordonnait de mettre un terme à ces travaux préparatoires au nom de l'avenir de la planète? Certes, le gouvernement de l'Alberta doit faire davantage pour encourager l'exploitation propre de son pétrole. Également, le gouvernement du Canada doit assumer un rôle de leadership à cet égard, ce que les conservateurs ne seront vraisemblablement jamais capables de faire.

Pour sa part, le gouvernement du Québec doit bien sûr s'assurer que toute politique fédérale en matière de changements climatiques ne nuise pas à l'économie québécoise. Pour le reste, il devrait cesser de faire la leçon aux autres et s'attaquer aux défis environnementaux qui ne manquent pas sur son territoire.

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