Notre collègue François Cardinal a révélé dans La Presse d'hier que plusieurs projets de recherche d'envergure sur le climat canadien, notamment sur les changements climatiques, sont en péril. Bon nombre de chercheurs, des jeunes en particulier, sont forcés de se chercher un autre emploi, parfois à l'étranger.

Cette situation s'explique par le refus du gouvernement Harper, du moins jusqu'à maintenant, de renouveler le financement de la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère (FCSCA), une source déterminante de fonds pour les spécialistes de ce domaine. Devant les tergiversations d'Ottawa, la Fondation se voit dans l'obligation de préparer la fin de ses activités.

 

Créée en 2000, la Fondation a reçu en tout 110 millions des gouvernements Chrétien et Martin, une somme qu'elle a distribuée à des projets de recherche sur des sujets comme les sécheresses dans les Prairies canadiennes, la fonte des glaciers dans l'Ouest et les émissions de gaz à effet de serre des réservoirs hydroélectriques (en collaboration avec Hydro-Québec). Ces projets permettent non seulement d'accroître nos connaissances sur le climat canadien, mais aussi de former de nouveaux chercheurs dans un domaine de pointe.

La FCSCA demande depuis 2007 au gouvernement de renouveler son financement; le président Gordon McBean a suggéré une somme de 25 millions par année durant dix ans. C'est beaucoup. Trop? Peut-être. Mais entre 250 millions sur dix ans et zéro, il y a certainement un compromis possible. Or, comme ce fut le cas pour la diminution du soutien aux arts et pour la baisse du financement des conseils subventionnaires de recherche, le gouvernement Harper semble incapable d'expliquer clairement son attitude.

Dans le cas présent, on nous dit que la Fondation fait, comme plusieurs programmes gouvernementaux, l'objet d'un «examen stratégique». Il s'agit de déterminer si les sommes versées produisent les résultats espérés et si elles sont bien gérées. Le milieu de la recherche prétend depuis un an qu'il y a péril en à la demeure, que la lenteur du gouvernement à prendre une décision rend impossible le maintien des équipes de recherche existantes. Ottawa rétorque qu'il n'y a pas d'urgence, à l'encontre des faits exposés par les universitaires interrogés par La Presse.

Devant ces explications peu convaincantes, la méfiance s'installe inévitablement. Pourquoi mettre ainsi en péril un secteur de recherche particulièrement important pour le Canada? Pourquoi risquer un exode des cerveaux?

Le milieu concerné et les adversaires des conservateurs auraient-ils raison? Se pourrait-il que le gouvernement Harper souhaite en savoir le moins possible sur les changements climatiques?

apratte@lapresse.ca