Haïti est un pays très pauvre. C'est surtout un pauvre pays...

Hier en fin d'après-midi, Haïti a été frappé par un puissant tremblement de terre dont l'épicentre était situé à seulement 10 km de Port-au-Prince. La nuit dernière, les informations nous parvenant de la capitale étaient encore fragmentaires. À Port-au-Prince, il n'y avait ni électricité ni téléphone. On a vu des images du Palais présidentiel, gravement endommagé. Un hôpital et le quartier général des Casques bleus de l'ONU auraient été détruits. Il est à craindre que le bilan humain soit des plus lourds.

Pauvre Haïti... Le pays a à peine le temps de se remettre d'une catastrophe naturelle qu'une autre survient. En 2004, des centaines de personnes ont été tuées par des inondations et des coulées de boue survenues à la suite de pluies torrentielles. En 2008, encore des centaines de morts et des milliers de sans-abri après le passage de quatre ouragans.

 

Malgré le talent extraordinaire de ce peuple, malgré les milliards reçus en aide (venant notamment du Canada), Haïti reste un des pays les plus pauvres de la planète.

L'élite haïtienne semble incapable de sortir le pays du marasme, ni même d'assurer une stabilité politique minimale. Le mois dernier, la première ministre Michèle Duvivier Pierre-Louis a été limogée par le Sénat un an seulement après son accession au pouvoir. Son successeur, l'économiste Jean-Max Bellerive, a dit vouloir faire de la création d'emplois sa priorité. «Haïti ne peut s'en sortir en s'en remettant seulement à l'aide publique, a-t-il dit à La Presse. Il faut attirer des investisseurs locaux et internationaux afin que chaque Haïtien et chaque Haïtienne décroche un emploi et puisse subvenir à ses besoins.» Un bel idéal... mais qu'il paraît lointain! Surtout ce matin, alors que le pays compte ses morts. Il est déjà évident qu'il faudra des années pour reconstruire ce que la nature a mis quelques dizaines de secondes à raser.

«Haïti est devenu lui-même une catastrophe naturelle», écrivait l'écrivain Dany Laferrière après les glissements de terrain de 2004. Catastrophe naturelle, économique, politique.

Aux Québécois d'origine haïtienne, La Presse dit sa compassion et sa solidarité. Pour reprendre les propos de la gouverneure générale, Michaëlle Jean, nous tenons «à ce que les Haïtiennes et les Haïtiens sachent qu'ils ne sont pas seuls et que la population canadienne saura répondre devant l'urgence».

Nous savons que, comme toujours, les Québécois répondront avec une grande générosité aux appels de la communauté haïtienne et des organisations non gouvernementales présentes en Haïti.

Surtout, nous attendons du gouvernement du Canada qu'il fournisse à Haïti toute l'aide qu'il est en mesure de lui offrir, rapidement et sans calculs politiques.

apratte@lapresse.ca