Le débat sur les accommodements raisonnables a été relancé par une nouvelle affaire, révélée hier par notre collègue Vincent Marissal. Une immigrante a été expulsée d'une classe de francisation au cégep de Saint-Laurent après avoir systématiquement refusé de retirer son niqab. Ceux qui réclament que l'État adopte la ligne dure en matière d'accommodements religieux se réjouiront de constater que cette fois-ci, les autorités se sont tenues debout. Cela se produit beaucoup plus souvent qu'on le croit mais, évidemment, ça fait rarement les manchettes.

La dame concernée a porté plainte à la Commission des droits de la personne. Toutefois, il serait très étonnant que la Commission lui donne raison. L'organisme a maintes fois souligné qu'en ce domaine, l'accommodement ne doit pas être le fait d'une seule des parties impliquées : «L'obligation de négocier de bonne foi est réciproque puisque le demandeur devra coopérer avec l'employeur ou l'institution en acceptant tout accommodement raisonnable proposé, même si ce dernier n'est pas parfait.»

Dans le cas présent, non seulement cette personne a refusé de se dévoiler devant la classe, mais elle a aussi reculé par rapport au compromis auquel elle avait consenti au départ, soit de retirer son niqab devant sa professeure. Cette dernière s'est pliée en quatre pour satisfaire l'étudiante, allant au-delà de ce qui est acceptable, par exemple en acceptant qu'elle fasse une présentation orale... dos à la classe.

Quelle leçon tirer de cet épisode? Il est évident que le port du niqab ou de la burqa empêche l'école d'accomplir sa mission fondamentale, l'enseignement. Même Human Rights Watch, qui avait dénoncé la loi française interdisant le port du voile à l'école, a reconnu que la pratique religieuse ne doit pas «remettre en cause la fonction éducative de l'école». Cela étant, le gouvernement du Québec devrait interdire ce type de vêtements dans les classes de la province.

Cela ne règlerait toutefois pas les problèmes particuliers auxquels sont confrontées les responsables des cours de francisation. Rappelons que ces cours visent des immigrants adultes, tout juste arrivés au Canada. On ne peut demander à des gens qui ont vécu pendant 10, 20, 30 ans d'une certaine manière d'adopter en une semaine les valeurs occidentales. On doit donc accepter de faire certains accommodements pourvu que l'immigrant accepte de cheminer vers l'acceptation de ces principes. Ce parcours volontaire est le seul qui puisse mener à une intégration réussie.

Au lieu de cheminer, la personne expulsée du cours offert au cégep de Saint-Laurent s'est braquée dans son fondamentalisme. Ce faisant, elle a renoncé au droit de fréquenter une école publique. Cette dame devrait maintenant se demander ce qu'elle est venue faire ici si elle ne compte pas respecter les valeurs fondamentales des Québécois.