Le gouvernement grec a dévoilé hier son deuxième plan d'austérité budgétaire en un mois. Il a ainsi cédé («capitulé», selon le Financial Times) aux pressions des autres pays de la zone euro. Avant d'accepter de venir en aide à la Grèce, ceux-ci exigeaient qu'Athènes fasse le ménage dans ses finances.

La taxe sur la valeur ajoutée (l'équivalent de notre TVQ) passera de 19% à 21%. Le prix de l'essence, déjà augmenté de 35 cents le litre au début de février, sera à nouveau relevé de 11 cents. Des primes versées aux employés du secteur public ont été réduites et les prestations de retraite gelées. Totalisant 6,7 milliards de dollars, ces mesures permettront au gouvernement de réduire substantiellement son énorme déficit.

 

Ce n'est pas de gaieté de coeur que le socialiste George Papandréou a adopté des mesures aussi draconiennes qu'impopulaires (les syndicats, déjà en mode protestation, annoncent de nouvelles grèves). Ses homologues européens, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en tête, ne lui ont pas donné le choix. La semaine dernière, Athènes a dû se prêter à l'exercice humiliant d'ouvrir ses livres aux experts de l'Union européenne qui lui ont fortement suggéré des pistes de solution. La Grèce venait de perdre le contrôle de ses finances publiques, de perdre une partie de sa souveraineté.

Ce qui se passe en Europe devrait servir d'avertissement à ceux selon lesquels l'énorme dette du Québec ne constitue pas un problème urgent. À ceux, aussi, selon qui il y a bien assez d'argent dans les coffres de l'État pour payer des augmentations de salaire substantielles aux employés du secteur public et aux médecins, tout en investissant davantage dans les services publics, ce sans accroître la contribution des citoyens. Bien sûr, le Québec n'est pas la Grèce. Notre province est beaucoup plus développée et ne souffre pas d'un problème d'économie au noir de même envergure. Le déficit du gouvernement québécois est, toutes proportions gardées, bien moins important que celui du gouvernement grec. N'empêche, la dynamique des finances publiques est la même: déjà lourdement endettés, les deux gouvernements dépensent année après année davantage que ce qu'ils perçoivent en taxes et impôts.

La situation actuelle de la Grèce vient nous rappeler que si un État ne maîtrise pas ses dépenses, il finira par subir les foudres de ses créanciers. Alors, il perdra toute marge de manoeuvre; sa politique budgétaire sera dictée par des forces extérieures. C'est le scénario que veulent éviter ceux qui, depuis plusieurs années, déplorent l'état des finances publiques du Québec et réclament une action plus énergique du gouvernement. Il ne s'agit pas de saper les politiques sociales; il s'agit de les gérer de manière responsable de façon à éviter que le Québec se retrouve bientôt, comme la Grèce, le dos au mur.