Nous sommes prêts à attendre, disent les Américains dans les plus récents sondages sur Obama. Pourvu qu'ils tiennent parole. Même si le nouveau président réussit à faire adopter son plan de relance rapidement, aucune embellie ne se fera sentir durant les fameux 100 premiers jours de son mandat.

Barack Obama jouit, à la veille de son assermentation, d'une cote de confiance qui aurait fait l'envie de ses prédécesseurs. Au moins 65% des Américains pensent qu'il sera un président au-dessus de la moyenne, révèle un sondage mené conjointement par l'Associated Press et la firme GfK. C'est beaucoup plus que Clinton et Reagan à leur entrée en poste (56% et 51% respectivement). Et des années-lumière devant les Bush père et fils (38% et 47%).

On dirait même que les appels au réalisme lancés depuis le soir de son élection ont été entendus. Barack Obama, on l'a remarqué, ne manque pas une occasion de réduire les attentes de l'électorat. Les États-Unis devront traverser une période très difficile avant de rebondir, déclare-t-il devant chaque micro qu'on lui tend. Le message, apparemment, commence à faire son chemin. La majeure partie des Américains croit qu'il faudra au moins deux ans pour redresser l'économie du pays, indiquait hier un sondage commandé par CBS et le New York Times. Seulement 17% des répondants s'attendent à de réels progrès durant la première année. Une proportion semblable envisage plutôt un horizon de quatre ans, ou même davantage. Le délai de deux ans, en revanche, est le plus fréquemment cité, par 38% des sondés. Tout un appui à la nouvelle équipe qui arrive en poste à Washington.

Deux ans, c'est en effet la période retenue pour déployer l'ambitieux plan de 825 milliards censés relancer l'économie américaine. Heureusement. Certaines mesures, dont les crédits d'impôt aux particuliers et aux entreprises, peuvent être mises en place très rapidement. D'autres, comme les dépenses destinées à la recherche scientifique, aux énergies vertes et à certaines infrastructures, devront toutefois être planifiées avec beaucoup de soin. Inonder l'économie américaine de fonds publics ne suffira pas, en soi, à assurer une reprise durable. Pour ça, il faudra investir dans des projets solides et qui ont de l'avenir.

C'est ce qu'Obama promet de faire. Mais si la population tape du pied et réclame des retombées immédiates, il lui sera très difficile de garder le cap sur les résultats à moyen et long terme. Or, les prévisions les plus optimistes n'annoncent pas d'éclaircie avant la deuxième moitié de 2009. D'ici là, il faut s'attendre à plusieurs autres bordées de nouvelles accablantes. Les données sur la construction résidentielle qui seront dévoilées cette semaine seront les pires en 40 ans, prédisent les économistes sondés par l'agence Bloomberg. Le taux de chômage devrait aussi augmenter au cours des prochains mois. Bref, le capital de sympathie du nouveau président sera attaqué de toutes parts. Espérons qu'il soit suffisant pour lui permettre d'affronter la première moitié de son mandat.

akrol@lapresse.ca

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