Il est normal que la vaccination contre la grippe A (H1N1) connaisse des ratés au début. Le cafouillage des derniers jours, par contre, est inexcusable. Les autorités de santé publique, qui ont créé le problème de toutes pièces, tentent maintenant de ramener un peu d'ordre. La population va devoir collaborer.

Québec n'a pas erré sur toute la ligne. La grande disponibilité de ses experts en santé publique, présents sur toutes les tribunes depuis le printemps, a grandement aidé à faire comprendre la situation. On ne peut pas en dire autant de l'information entourant la campagne de vaccination.

 

Pendant des semaines, les porte-parole ont répété deux messages diamétralement opposés. Certains groupes seront vaccinés en premier. Mais on ne refusera personne. La nature humaine étant ce qu'elle est, chacun a suivi la consigne de son choix, avec le résultat chaotique que l'on sait.

Autre facteur ayant contribué au désordre: le fameux répertoire des centres de vaccination, que la population était invitée à consulter en ligne pour savoir où et quand se présenter. Encore fallait-il qu'il soit accessible. Hélas! cet outil a été paralysé durant de longues périodes cette semaine, croulant sous la demande. Impardonnable. Ce n'est quand même pas la première fois qu'un site gouvernemental fait face à un pic d'affluence. Le coup aurait pu, et dû, être prévu. Quand les citoyens n'ont pas accès à la marche à suivre, il ne faut pas s'étonner qu'ils se ruent sur le premier endroit dont ils entendent parler.

L'arrivée tardive des vaccins n'arrange évidemment pas les choses. Ce problème-là, par contre, nous vient du fédéral. Ottawa a décidé de la commande de vaccins, les régions doivent vivre avec les conséquences. Toronto, on l'a vu, ne s'en tire pas mieux que nous.

Sauf que cet os-là était connu depuis longtemps. Il fallait s'attendre à ce que des cas se déclarent avant que les vaccins ne soient disponibles, et que certains soient tragiques. C'est ce qui s'est malheureusement passé en Ontario. Le public a réagi au quart de tour, engorgeant les urgences pédiatriques, la ligne Info-Santé et, bien sûr, les centres d'inoculation. Cette réaction-là aussi était prévisible. Québec aurait dû en tenir compte et éviter de l'amplifier avec des messages contradictoires et un site d'information chancelant.

La santé publique nous demande maintenant de respecter ses priorités. Le premier ministre lui-même a déclaré qu'il attendrait son tour. Cela suffira-t-il? Nous n'en sommes pas convaincus.

Beaucoup de gens se considèrent plus à risque que la moyenne devant ce nouveau virus. Ils ont leurs raisons. Mais le sentiment d'être plus vulnérable, ou plus important, n'est pas un motif valable pour se faufiler devant les autres. Autrement, on court tout droit à l'émeute. Pour une opération d'une telle envergure, il n'y aura jamais d'ordre d'appel parfait. Chacun doit faire preuve de civisme et respecter celui qui a été décidé.

 

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