Les responsables québécois de la santé ont été durement critiqués pour l'attente aux centres de vaccination. À juste titre. Mais cela ne doit pas nous faire oublier le véritable problème: le vaccin n'est pas disponible au moment où la population le réclame. Une crise prévisible, qu'Ottawa aurait dû mieux gérer.

L'Agence de la santé publique du Canada le savait depuis des mois. Que le vaccin ne pourrait pas être administré avant la fin octobre. Qu'au début, il y en aurait seulement pour quelques groupes restreints. Qu'à ce moment-là, la grippe aurait déjà fait de nouvelles victimes.

 

Des malades du H1N1, les médecins en voient dès le début de l'automne. C'est là qu'il aurait fallu donner l'heure juste à la population. Dire que beaucoup de gens attraperont cette grippe avant d'avoir pu se faire vacciner. Que la plupart, enfants compris, pourront se soigner à la maison. Mais qu'il faut aussi s'attendre à voir quelques cas tragiques, car ce virus-là frappe différemment de la grippe saisonnière.

Au lieu d'aider les Canadiens à faire face à cette réalité, Ottawa s'est entêté à faire la promotion d'un idéal. La Vaccination. «Vous faire vacciner contre la grippe H1N1 est le meilleur moyen de vous protéger contre ce virus.» Pourquoi avoir créé un tel sentiment d'urgence si l'on savait que la quasi-totalité des gens n'aurait pas accès à la protection recommandée avant plusieurs semaines? C'est irresponsable.

La véritable urgence, c'est de trouver comment rendre ce genre de vaccin disponible plus rapidement à l'avenir. Faut-il passer la commande plus vite? La répartir entre plusieurs manufacturiers? Laisser tomber celle du vaccin saisonnier? Ottawa doit répondre à ces questions, et vite. Autrement, la coûteuse répétition générale auquel nous participons tous actuellement n'aura servi à rien.

En attendant, les responsables de la santé devraient s'intéresser un peu plus aux gens qu'ils sont censés protéger. On les croirait atteints d'un virus qui les rend insensibles aux inquiétudes des êtres humains ordinaires. Tous ceux qui le désirent pourront être immunisés avant Noël, ont-ils encore répété cette semaine. Hello! La grippe, c'est maintenant qu'elle se transmet. Si on ne pas tomber malade, il faut se faire vacciner rapido,

«Ceux qui sont à faible risque peuvent attendre. Pour la plupart d'entre nous qui sommes sont à faible risque, cette grippe-là n'est pas plus dangereuse que la grippe saisonnière», a indiqué le grand patron de la santé publique canadienne en entrevue.

Si on avait insisté sur ce message-là depuis le début, au lieu de presser tous les citoyens de plus de six mois de se faire immuniser, on aurait évité bien des angoisses inutiles. Et bien des files d'attente.

La ministre de la Santé et ses fonctionnaires devraient remercier le ciel que cette grippe-là ne tue pas davantage. Parce qu'ils auraient à rendre des comptes sur la non-disponibilité de ce vaccin dont ils ont tant vanté l'importance.

 

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