La Banque du Canada vient de lancer une sévère mise en garde aux ménages canadiens. Votre endettement vous rend vulnérables à une détérioration de la conjoncture économique, rappelle-t-elle dans sa plus récente Revue du système financier. Et ce niveau d'endettement ne cesse de grimper. La nouvelle ère de frugalité qu'on nous annonçait il y a un an ne semble pas faire beaucoup d'adeptes.

Le niveau d'endettement des ménages par rapport à leur revenu disponible a encore augmenté depuis juin, signale la Banque dans son rapport semestriel publié jeudi dernier. Si cet indice continue de se détériorer lorsque les taux d'intérêt vont remonter, plusieurs auront du mal à composer avec les chocs négatifs, prévient l'institution.

 

La Banque a fait des simulations pour voir si cet endettement risquait d'avoir un impact sur le système financier canadien. C'est peu probable, conclut-elle. Un constat rassurant pour notre économie, mais qui n'allège en rien le fardeau des ménages. D'autant plus que la hausse des taux d'intérêt ne sera sans doute pas le seul facteur à gruger leur marge de manoeuvre au cours des prochaines années. Les efforts d'Ottawa, des provinces et des municipalités pour assainir leurs propres finances risquent fort de leur laisser moins d'argent dans les poches.

Pourtant, quand la crise a éclaté à l'automne 2008, le discours était tout autre. Les consommateurs, disait-on, seront désormais beaucoup plus prudents. Pas seulement les chômeurs. Avec le resserrement du crédit et l'incertitude liée à l'emploi, chacun y pensera à deux fois avant d'ouvrir son portefeuille.

Effectivement, beaucoup de gens ont commencé à réduire leurs dépenses, même lorsque leurs revenus n'étaient pas touchés par la récession. Mais la progression du niveau moyen d'endettement ne ment pas: le crédit continue d'être utilisé pour soutenir le train de vie.

Il faut dire qu'on a affaire à une habitude bien ancrée. En moins de 30 ans, le taux d'endettement à la consommation par habitant a plus que doublé au Québec. En 1981, il était en dessous de 16%. L'an dernier, il atteignait 38%. Et la tendance s'accélère, montrent les chiffres de l'Institut de la statistique du Québec. Pour passer de 16 à 26%, il a fallu 20 ans. De 26 à 36%? Six ans...

Pas étonnant qu'il soit si difficile de renverser la vapeur, surtout de façon durable. Il y a comme une lassitude de la frugalité, a récemment mentionné un analyste dans le Globe and Mail. Déjà? Vivre selon ses moyens devrait pourtant être vu comme une nécessité, et non comme une mode passagère.

Faudra-t-il que les taux se mettent à grimper pour que les consommateurs réalisent les conséquences concrètes de leur endettement, et l'importance de le réduire? Ça en a tout l'air. Dommage, car avec l'augmentation des frais d'intérêts, il leur en coûtera plus cher pour effacer cette dette.

 

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