Sans surprise, la conférence de Copenhague s'est conclue sur un accord du bout des lèvres, qui se borne à indiquer la direction dans laquelle continuer les échanges. Progresseront-ils suffisamment pour adopter quelque chose de plus substantiel à Mexico dans un an? Rien n'est moins sûr.

Ce marathon de négociations terminé sur les rotules dans la nuit de vendredi à samedi n'est pas un flop complet. Les pays en développement acceptent de participer aux efforts de réduction des émissions. L'accord reconnaît la nécessité de limiter le réchauffement planétaire à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle. Et il promet 130 milliards, dont 30 milliards d'ici 2012, pour aider les pays en développement à limiter les impacts des changements climatiques.

 

Pour un événement préparé de si longue date, et qui suscitait tant d'attentes, ce sont des gains assez minces. Décevants? C'est le mot qui revient le plus dans la bouche des dirigeants et des leaders environnementaux qui espéraient le plus de ce sommet. Sauf que si leurs attentes et leurs espoirs ont été déçus, c'est parce qu'ils étaient démesurés. Les participants ne sont pas passés à côté d'une entente majeure: une telle chose n'a jamais été à leur portée. S'il y a un accord de Copenhague, c'est parce qu'il a été obtenu à l'arraché. L'accueil réticent des délégués, qui ont simplement «pris note» du document, en témoigne.

L'expression a beau suffire d'un point de vue juridique, elle manque de conviction. Pour dégager un accord substantiel, il aurait fallu davantage que l'espoir d'y parvenir. Il aurait fallu que certains protagonistes soient prêts à faire des concessions majeures. Personne ne s'est amené à Copenhague dans cet état d'esprit. On comprend que des pays comme la Chine ou le Canada se montrent si satisfaits de cette entente tant décriée par ailleurs. Ils n'ont pas eu à laisser quoi que ce soit d'important sur la table.

Les États participants ont jusqu'en décembre prochain, à la conférence de Mexico, pour renforcer ce texte, en s'entendant sur des objectifs de réduction d'émissions contraignants, par exemple. C'est bien court. Surtout quand on considère ce dont on a accouché à Copenhague au terme de deux ans de gestation. Et la pression populaire et médiatique sera beaucoup moins intense qu'au cours des dernières semaines. À part à la rencontre de Bonn, en juin, cet incitatif sera assez diffus au cours de la prochaine année.

En fait, le facteur le plus susceptible de provoquer un déblocage, c'est le climat lui-même. Un désastre comme l'ouragan Katrina aurait une influence majeure sur les négociations. Soyons clair: nous ne souhaitons le malheur de personne. Mais le fait qu'une catastrophe naturelle, même impossible à imputer à l'activité humaine, puisse avoir plus d'impact que n'importe quel raisonnement scientifique montre à quel point le travail de persuasion sera ardu.

 

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