Les médias américains parlent de décennie perdue, en référence au piètre bilan économique des 10 dernières années. Sauf que les années 2000 n'ont pas été perdues pour tout le monde. Des entreprises ont connu un essor formidable en misant sur l'innovation. Leur avance technologique leur a non seulement permis de semer leurs concurrents, mais aussi d'aller brouter le pré carré de sociétés bien établies.

Le bogue de l'an 2000, vous vous en souvenez? Fin 1999, c'était LE sujet techno de l'heure. Le lendemain du Nouvel An, on l'avait déjà oublié. Cependant, l'internet, le sans-fil et les fichiers numériques allaient bientôt révéler leur immense potentiel.

 

D'accord, il y a eu quelques égarements. Mais l'explosion de la bulle techno a rapidement remis les pendules à l'heure. Les investisseurs ont compris, dès la fin de 2000, qu'un concept ne vaut pas grand-chose en soi. Pour réussir, une entreprise doit développer une technologie qui comble ou anticipe les besoins mieux que les autres, et la dissimuler élégamment. Créer un outil efficace et facile à manipuler, qu'un maximum d'utilisateurs voudront s'approprier. D'où la popularité du iPod (2001), de iTunes (2003), de Facebook (2004), de YouTube (2005), de Twitter et du iPhone (2007). Et, bien sûr, de Google (1998) et de ses multiples déclinaisons (Maps, News, Earth, etc.) C'est aussi pourquoi le lecteur Kindle est devenu le cadeau le plus populaire de l'histoire d'Amazon... et pourquoi le site a vendu plus d'ouvrages en format électronique qu'en version imprimée le jour de Noël.

Après avoir changé les règles du jeu dans les secteurs de la musique, des médias et du voyage, la technologie bouscule maintenant l'industrie du livre. Les éditeurs vont devoir faire preuve d'ingéniosité. Parlez-en aux musiciens, qui ne peuvent plus compter sur les ventes de disques pour gagner leur vie. Aux grands médias qui ont vu leurs revenus publicitaires se disperser dans le cyberespace. Aux agents de voyages, forcés de démontrer leur utilité.

L'économie ne s'est pas encore relevée de la crise qui l'a terrassée l'an dernier. Mais elle en gardera moins de séquelles qu'on l'avait d'abord cru. Les changements technologiques des dernières années, par contre, sont là pour rester.

Le destin de services non rentables comme Facebook ou YouTube est difficile à prédire. Mais la possibilité de demeurer connecté à l'internet en permanence, d'à peu près n'importe où dans le monde? D'y échanger des informations, de la musique et des images? De s'en servir pour une foule d'activités courantes, et d'autres qui n'existaient même pas il y a 10 ans? Tout cela fait désormais partie de notre environnement, et de celui des entreprises. S'y adapter ne suffit pas, il faut en tirer parti. L'avenir appartient à ceux qui sauront le faire.

akrol@lapresse.ca

 

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