Délaissant le terrain miné de la santé, Barack Obama a plutôt mis la création d'emploi au premier plan de son discours sur l'état de l'Union. Un défi guère plus facile à relever, mais qui fait davantage l'unanimité.

Un Américain sur 10 ne trouve pas de travail, a rappelé le président. Et l'auditoire directement concerné est au moins deux ou trois fois plus important lorsque l'on tient compte des familles qui subissent les contrecoups de cette situation désespérante. Et c'est sans compter les 470 000 autres travailleurs qui ont dû aller s'inscrire au bureau de chômage la semaine dernière. Cette statistique publiée hier matin, au lendemain du discours, marque une amélioration par rapport à la semaine précédente, mais plus faible que celle escomptée par les analystes. Ils s'attendaient à 28 000 nouveaux chômeurs de moins, il n'y en a eu que 8000.

 

Ce sont ces Américains-là qu'Obama a tenté de rallier à sa cause mercredi soir. Ceux qui se demandent «pourquoi Washington n'a pas été capable ou n'a pas voulu résoudre aucun de nos problèmes». Il n'a pas essayé de minimiser leur colère ou leur frustration, ni de la calmer par des promesses impossibles à tenir. Ce refus de tout ce qui ressemble à de l'hypocrisie contribue pour beaucoup à la réputation d'orateur d'Obama. Son premier discours sur l'état de l'Union n'y faisait pas exception. Yes we can? Le président y croit encore, mais il serait bien en peine de le démontrer après cette première année de mandat décevante. Pour l'instant, il ne peut que rappeler qu'il a essayé de faire, et expliquer comment il va essayer encore.

Les mesures de préservation d'emplois incluses dans son premier plan de relance, incluant les réductions de taxes, sont passées tellement inaperçues qu'Obama avait presque l'air de mendier des félicitations en les rappelant dans son discours.

Il est meilleur vendeur de ses projets en devenir - miser sur les petites entreprises, les infrastructures, les énergies vertes. Heureusement, car il devra continuer d'en faire la promotion. S'il veut faire passer ses projets de loi au Sénat, il a intérêt à convaincre l'Américain moyen aux abois de leur importance. L'opinion publique est sa meilleure alliée contre l'opposition systématique des républicains.

Les entreprises canadiennes ont tout intérêt à ce que nos voisins, leur clientèle naturelle, retrouvent leur capacité de dépenser. Mais elles ont aussi intérêt à ouvrir l'oeil, car pour soutenir deux millions de ces emplois, Obama s'est donné un objectif très ambitieux: doubler les exportations américaines d'ici cinq ans. Les entreprises canadiennes peuvent s'attendre à une concurrence accrue, autant sur leurs marchés étrangers qu'à l'intérieur de nos frontières.

akrol@lapresse.ca

 

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