Des deux côtés de la frontière, des groupes écologistes et autochtones fourbissent leurs armes pour contrecarrer l'augmentation des exportations québécoises d'hydroélectricité aux États-Unis.

Cette mobilisation menace de ruiner les efforts déployés par le gouvernement Charest auprès des législateurs américains afin que notre hydroélectricité se voie accorder le statut d'énergie verte, indispensable à l'obtention des crédits d'énergie renouvelable.

 

En fin de compte, cette levée de boucliers risque d'appauvrir la société québécoise. Car la vente des surplus d'énergie d'Hydro-Québec pourrait s'avérer une planche de salut qui permettra aux Québécois de sauvegarder leur niveau de vie.

Notre population vieillit rapidement. La diminution rapide du nombre de travailleurs entraînera forcément une baisse sensible des rentrées fiscales au cours des prochaines années. Logiquement, les coûts en soins de santé, qui siphonnent déjà 45% du budget provincial, poursuivront leur ascension vertigineuse. Le niveau de vie des Québécois est déjà l'un des plus faibles du continent nord-américain. Et il continuera de se dégrader si nous ne dénichons pas rapidement des revenus supplémentaires.

Une solution apparaît évidente: exploiter notre marché d'exportation d'hydroélectricité. Il s'agit d'une ressource beaucoup plus propre que les sables bitumineux de l'Alberta. Présentement, Hydro-Québec n'exporte que 5,6% de sa production. Mais ces ventes à prix fort procurent pas moins de 25% de ses bénéfices. En 2007, la société d'État a versé 2 milliards en dividendes dans les coffres du gouvernement québécois sur des profits de 2,9 milliards. Pourquoi ne pas exploiter au maximum cette richesse collective?

Il n'est pas question ici de faire fi des impacts du développement hydroélectrique sur l'environnement. Dans le dossier de la construction du barrage de la rivière Romaine, le rapport du BAPE vient d'ailleurs de conclure que «le projet n'est pas susceptible d'entraîner d'effets environnementaux négatifs importants», sous réserve de mesures supplémentaires pour protéger la faune. Le BAPE écarte le projet alternatif d'énergie éolienne avancé par Fondation Rivières: sans compter le caractère intermittent de sa production, il aurait des impacts environnementaux non négligeables.

En plus d'assurer la sécurité de l'approvisionnement énergétique aux Québécois, le projet dégagera des surplus qui, au milieu des années 2010, accroîtront la capacité d'exportation d'Hydro-Québec. D'où la construction prochaine d'une ligne de transmission d'énergie vers le nord-est des États-Unis pour en faciliter le transport chez nos voisins du sud.

Le président Barack Obama encourage les siens à recourir davantage aux énergies renouvelables. Le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, mentionnait il y a quelques jours qu'en Nouvelle-Angleterre, on n'avait pas vu une aussi grande ouverture envers notre hydroélectricité depuis un quart de siècle.

Il ne faudrait pas louper cette chance en or de consolider notre bien-être économique à l'avenir précaire. C'est pourquoi les gouvernements fédéral et québécois doivent intensifier leurs efforts pour que notre hydroélectricité soit reconnue énergie verte aux États-Unis.

jbeaupre@lapresse.ca