Les programmes de soutien à la famille mis de l'avant par le gouvernement québécois font des petits. Tellement, en fait, que sa générosité pourrait lui revenir en plein visage.

En soi, l'augmentation sensible du nombre des naissances au Québec est une excellente nouvelle. Plus de 87 000 bébés ont vu le jour en 2008, 4% de plus que l'année précédente. Un sommet inégalé depuis les belles années du mini baby-boom au début des années 90.

 

Le coup de pouce du gouvernement n'est sûrement pas étranger à la croissance constante et spectaculaire de la natalité ces dernières années. Depuis cinq ans, l'aide aux familles a été majorée de 60%. Près de 6,5 milliards y seront consacrés cette année. Si les couples ne basent pas leur décision d'avoir des enfants sur l'ampleur de ce soutien, le support financier de l'État demeure un facteur non négligeable.

Le ministre de la Famille, Tony Tomassi, lui-même père de cinq enfants, doit s'en frotter les mains d'aise. L'objectif que poursuit le gouvernement d'encourager les naissances est pleinement atteint. Au-delà même de ses espérances, lui qui tablait sur 75 000 naissances lorsqu'il a mis sur pied le programme d'assurance parentale en 2006.

Et c'est là que la prodigalité du gouvernement Charest risque de lui jouer de vilains tours.

La hausse des naissances entraînera forcément une augmentation sensible des demandes de congés parentaux et des coûts en services de garde, qui ont déjà explosé ces dernières années.

Justement, parce que le régime d'assurance parentale ne fait pas ses frais, le gouvernement vient tout juste de renflouer la caisse d'urgence en y injectant 300 millions... malgré une hausse de cotisations de 7,5% le 1er janvier! Les employeurs ne la trouvent pas drôle. En à peine trois ans, le coût du programme a presque doublé pour frôler les 2 milliards.

Promis juré en campagne électorale, le maintien des places en garderie à 7$ coûte déjà la peau des fesses, soit deux autres milliards par année. Il faudra bientôt ajouter des centaines de millions à la facture lorsque le gouvernement signera une entente avec les 25 000 éducatrices en milieu de travail qui ont obtenu le droit de se syndiquer.

Avant de plier bagage, la ministre Monique Jérôme-Forget avait prévu dans son budget un déficit de 3,9 milliards pour l'année financière 2009-2010. Les trois budgets subséquents seront aussi rédigés à l'encre rouge: la dette aura gonflé de presque 12 milliards dans quatre ans. Aussi bien dire que la marge de manoeuvre dont hérite son successeur Raymond Bachand est nulle.

Dans ces circonstances, le gouvernement Charest fait face à un dilemme épineux. Ou bien il laisse exploser ses dépenses de soutien à la famille, ce qui creusera davantage ses déficits déjà majeurs. Ou bien il maintient ses investissements au même niveau, et chaque famille bénéficie d'une aide moins généreuse. Ou alors, il sabre dans ses autres programmes.

On en revient immanquablement à une solution que nous avons déjà évoquée: moduler la subvention des places en garderie en fonction du revenu des parents. Sinon, gare au bébé boomerang.