Depuis plusieurs mois, Bombardier compose tant bien que mal avec les vents contraires de la récession mondiale.

Pendant que sa division aéronautique est secouée par de violentes turbulences, son secteur ferroviaire a le vent dans les voiles et revendique maintenant plus de la moitié des revenus de la multinationale. Malheureusement, les usines québécoises subissent les contrecoups de la crise aérienne sans vraiment bénéficier des plantureux contrats sur les rails.

 

Le carnet de commandes d'avions s'est asséché. Les milliards de pertes font piquer du nez les sociétés aériennes, incapables de renouveler leur flotte. Le marché des jets d'affaires vivote aussi: les entreprises éprouvent des difficultés à se dégoter du financement.

Depuis le début de 2009, les déboires de l'industrie aérienne ont forcé Bombardier à éliminer 2500 emplois, dont 715 jeudi dernier, à ses installations de Mirabel et de Saint-Laurent. Sans compter les mises à pied que sa baisse de production entraîne chez ses sous-traitants québécois. Des travailleurs bien rémunérés vont ainsi grossir les rangs des chômeurs, au moment où le Québec cherche à retrouver le chemin de la croissance. Et c'est la région métropolitaine, où l'industrie aéronautique est concentrée, qui écope.

Présentement au creux du ralentissement, le secteur aéronautique devra patienter au moins un an, selon les analystes, avant que les commandes d'avions reprennent leur envol. En espérant que le prix du pétrole ne grimpera pas au-dessus de 100$ le baril, ce qui pourrait clouer au tarmac la reprise des sociétés aériennes.

Par contre, l'avenir s'annonce fort prometteur pour Bombardier Transport. Aux quatre coins du monde, la récession a poussé les gouvernements à investir massivement dans les infrastructures pour relancer leur économie. Le virage vert a été à l'origine de projets d'investissements dans le développement de réseaux de trains à grande vitesse. Bombardier aura sa part du gâteau: contrat de 4,4 milliards en Chine, un autre de 13 milliards qui devrait se matérialiser en France au début de 2010, un troisième convoité au Royaume-Uni. Mais la conception de ces trains est réalisée en Europe, et leur fabrication, en Chine. Des miettes au Québec. Pourvu que le renouvellement de la flotte de métros à Montréal aboutisse bientôt, pour soutenir les activités de l'usine de La Pocatière. Le remplacement des rames à New York tomberait à point nommé aussi.

On peut déplorer que le gouvernement Harper, contrairement aux autres grandes économies, boude les investissements dans le rail, alors qu'elle abrite un chef de file mondial. Ce n'est pas parce que le service de VIA Rail n'aurait pas besoin d'être rafraîchi...

La politique de diversification de Bombardier s'est avérée une stratégie salutaire et payante.

Elle a lui a permis de préserver sa rentabilité et de continuer à engranger des profits. On verra si la tendance se maintiendra lorsque les résultats du troisième trimestre seront dévoilés jeudi.