À première vue, les nouvelles semblent réjouissantes, un brin surprenantes. Le marché américain de l'emploi a donné des signes encourageants en novembre: réduction du taux de chômage à 10% pile, à peine 11 000 postes détruits au lieu des 125 000 anticipés. En octobre, les 190 000 pertes ont été ramenées à 110 000. On sourit à pleines dents? Pas trop vite. Quand on gratte le vernis, on constate que les Américains devraient éviter de se péter les bretelles.

Cette impression d'embellie cache une vérité plus déprimante. Environ 100 000 sans-emploi ont quitté les rangs des chômeurs, non parce qu'ils ont déniché un job, mais parce qu'ils ont abandonné leurs recherches pour en trouver un. Voilà pourquoi le taux de chômage a surtout retraité.

 

Autre facteur inquiétant: les Américains prennent plus de temps à retourner sur le marché du travail. En moyenne, ils restent 28,5 semaines en chômage. Presque 6 millions d'entre eux, soit 40% des chômeurs, sont sans emploi depuis plus de six mois, du jamais vu en 60 ans.

Le mois de novembre vient-il simplement atténuer les résultats dévastateurs d'octobre qui avaient propulsé le taux de chômage de 0,4%, au-dessus de la barre psychologique des 10%?

Près de 7,2 millions d'emplois se sont envolés en fumée depuis le début de la récession. Pour revenir à la situation qui prévalait avant la crise, il faudrait créer 11 millions d'emplois, l'équivalent d'environ 500 000 emplois par mois pendant deux ans (compte tenu que la population augmente).

Si on regarde la moitié du verre plein, les Américains peuvent se consoler à l'idée que novembre a beaucoup mieux performé que les 12 mois précédents, alors que 445 000 jobs avaient été sacrifiés mensuellement en moyenne.

Ce n'est pas pour rien que Barack Obama prévient que la route sera encore cahoteuse pour un bon bout de temps. D'où son intention d'annoncer, cette semaine, des mesures fiscales visant à inciter les employeurs à engager du personnel, malgré la marge de manoeuvre financière presque inexistante du président américain. Un coup de pouce indispensable.

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Au Canada, la lumière point timidement au bout du tunnel. Les entreprises privées ont recommencé à embaucher, comme en font foi les 57 000 emplois créés en novembre. Les plans de relance gouvernementaux ne sont plus seuls à mettre l'épaule à la roue pour stimuler la croissance.

Le Québec a de quoi se réjouir, et deux fois plutôt qu'une. D'une part, son taux de chômage a glissé de 0,4% pour s'établir à 8,1%. Et pour un deuxième mois d'affilée, il est inférieur à la moyenne canadienne de 8,5% .

Cependant, la situation de l'emploi au pays fluctue en dents de scie. Aucune tendance à la hausse ne se dessine pour l'instant. Il est encore trop tôt pour crier victoire, quoique à se comparer avec nos voisins américains, il y aurait de quoi bomber le torse.