On a toujours sous-estimé le rôle pourtant crucial des plombiers dans l'histoire des nations. On ne parle pas ici de l'extrême difficulté qu'éprouve chacun à en dénicher un lorsque la tuyauterie domestique le réclame - cette difficulté se transformant en quasi-impossibilité les week-ends et jours fériés, moments que choisissent infailliblement les conduites d'eau pour éclater. Il ne s'agit pas non plus de l'importance déterminante de ces braves artisans dans le domaine sportif même si, par exemple, ce sont les plombiers du Canadien qui font tout le travail, et les bons tuyaux qui font la fortune des parieurs à l'hippodrome local.

Non, l'affaire est beaucoup plus grave.

Elle concerne le futur de la civilisation telle que nous la connaissons. Voyez, en effet: le destin de l'Europe et de l'Amérique s'est joué ou se jouera en fonction de l'avenir, fluide ou bouché, de l'activité de ce corps de métiers.

Ainsi, le sort de l'Europe a été scellé en France, en 2005, par l'intervention des plombiers polonais dans la campagne référendaire sur l'adoption d'une constitution continentale. Le projet a été rejeté, les Français refusant d'ouvrir les vannes à ces cols bleus titulaires d'un étrange accent.

Maintenant, c'est aux États-Unis que la plomberie fait sentir tout son poids politique, avec l'irruption dans le dernier débat présidentiel de Joe le plombier, figure emblématique de la profession. Qui, de Barack Obama ou de John McCain, permettra à Joe de se hisser un peu plus haut sur l'échelle sociale; ou alors l'en empêchera en surtaxant l'ABS, le cuivre et... le taux triple et demi, les week-ends et jours fériés?

Les urnes en décideront dans moins de trois semaines.