«Il faut de tout pour faire un monde!» proclame un vieux dicton. Si c'est le cas, ce monde diversifié est bien représenté à l'ONU, dont la 64e session de l'Assemblée générale s'est ouverte, hier, dans une ambiance parfois loufoque, parfois plus chargée.

À l'une et l'autre extrémité de ce spectre, on a vu évoluer les leaders libyen et iranien, Mouammar Kadhafi et Mahmoud Ahmadinejad, dont la présence à New York n'est pas passée inaperçue.

Le second, totalement discrédité par son antisémitisme carré ainsi que par la récente élection perse, a surtout servi de repoussoir. Ahmadinejad a été accueilli à New York, non seulement par des manifestations (notamment d'exilés iraniens) chargées de haine, mais surtout par un sentiment populaire frisant le dégoût.

Pour sa part, en lançant au bout de ses bras la charte des Nations Unies (après avoir vainement tenté de planter ici ou là sa tente bédouine!), Kadhafi s'est montré excentrique à souhait. Le Libyen, sauf erreur le plus ancien dictateur en exercice et jadis le plus prolixe des commanditaires du terrorisme, aura surtout fait grincer des dents. Lorsque, par exemple, il a parlé du Conseil de sécurité de l'ONU comme du conseil de la «terreur». Ou lorsqu'il a déterré (pour y voir un complot bâti autour de l'«israélite» Jack Ruby) les restes de John F. Kennedy. Ou lorsqu'il a dressé les continents les uns contre les autres, faisant parader le sien, l'Afrique, dans son éternelle et infantilisante défroque de victime impuissante à influer sur son propre sort - vieille scie des dictateurs autochtones.

Dans sa première et interminable prestation devant l'auguste assemblée, Kadhafi ne fut rien de moins que pathétique.

Ce défilé de potentats (ces deux-là ne sont pas les seuls) n'aide pas à faire oublier que la communauté internationale doit mieux policer sa gouvernance - Kadhafi n'est-il pas président de l'Union africaine? Et que l'ONU en particulier a un urgent besoin de réformes - la Libye fut présidente, et Cuba ainsi que l'Arabie Saoudite sont membres, de l'institution onusienne des droits de l'homme!

Hier, livrant lui aussi sa première allocution en ce lieu, Barack Obama a exposé la vision presque communautariste des relations internationales qu'on sait être la sienne. Et s'est démarqué de George W. Bush en taisant toute réserve quant à ce monstrueux empire politicico-bureaucratique qu'est l'ONU.

On aimerait croire que cette attitude n'est pas que le produit d'une belle naïveté. Et que, dans son admirable quête de temps nouveaux, le président des États-Unis manifestera la sage prudence que devraient lui inspirer les errements des temps anciens originant de la zone internationale de l'île de Manhattan.

Dans sa quête des temps nouveaux, Obama doit se rappeler des errements des temps anciens...