De toutes les interrogations soulevées par l'avenir incertain de la mission internationale en Afghanistan, la plus importante pourrait bien être celle-ci: quel effet la décision que s'apprête à prendre Barack Obama aura-t-elle sur la poudrière pakistanaise?

Depuis une semaine, en effet, l'offensive des groupes islamistes pakistanais contre l'armée et la police du pays est devenue virulente. Vendredi dernier, ils s'en sont pris au quartier général des forces armées à Rawalpindi, affichant ainsi une audace et une habileté logistique terrifiantes dans un pays où sont stockées des armes nucléaires. Hier, plusieurs attaques, dont l'une contre un centre d'entraînement de la police à Lahore, ont à nouveau fait une quarantaine de morts.

Dans le même temps, l'armée pénètre au Sud-Waziristan afin d'y faire la chasse au taliban. L'état-major des guerriers islamistes s'y trouve en effet, ainsi que plus ou moins 10 000 combattants. L'opération est un peu comparable à celle qui a eu lieu en avril dans la vallée de Swat.

Au total, en deux ans, ce qui ressemble de plus en plus à une guérilla en bonne et due forme a fait 2250 morts au Pakistan.

Sur ce fond de violence qui s'aggrave dorénavant autant au Pakistan qu'en Afghanistan, le président des États-Unis doit, d'un jour à l'autre, faire connaître son plan d'action.

Deux grandes théories s'affrontent, on le sait, en ce qui concerne l'Afghanistan. Ou bien renforcer l'appareil militaire de contre-insurrection en y envoyant au moins 40 000 soldats américains supplémentaires en plus des 21 000 déjà dépêchés au cours de l'été, tout en mettant sous pression les alliés. Ou bien retirer graduellement les troupes et concentrer les efforts sur une guerre «souterraine» de forces spéciales, d'opérations aériennes ciblées, de soutien technique aux forces afghanes et de compromis politique.

Tout juste gratifié du prix Nobel de la paix, Barack Obama pourrait trouver inconfortable de nourrir le feu d'une guerre devenue impopulaire et au sort plus qu'incertain...

Au Pakistan voisin, c'est clairement un casse-tête politique qu'il faut affronter.

Hier, le président américain a donné son aval à une aide civile de 7,5 milliards US à l'État pakistanais. L'un des buts de cet effort est précisément de consolider le gouvernement du président Asif Ali Zardari par rapport à un appareil militaire qui a toujours eu son propre agenda et énormément de pouvoir... sans même parler des services secrets, dont on connaît les liens avec les talibans afghans. À lui seul, cet exercice de recentrage du pouvoir est délicat et dangereux.

Bref, la situation au Pakistan devient de plus en plus critique, cela étant peu compatible avec une décision de la Maison-Blanche qui aurait pour effet de concentrer encore davantage de ressources et d'énergie en Afghanistan.