Un site web (PolitiFact) a créé un «obamètre» qui dresse en temps réel le bilan du nouveau président des États-Unis en comptabilisant les promesses tenues ou non. Or, Barack Obama a une excellente fiche: sur ses 302 promesses, 63 ont été respectées en tout ou en partie et 129 sont en chantier; seulement sept ont été carrément reniées...

Mais il ne s'agit certainement pas de la façon la plus subtile d'évaluer le travail du président élu il y a exactement un an, le 4 novembre 2008.

Qu'on la juge positivement ou négativement, en effet, la présidence d'Obama est déjà à ce point singulière qu'elle mérite une évaluation beaucoup plus circonstanciée. Ainsi, l'homme s'est démarqué par la gigantesque somme d'espoir qu'il a fait naître sur la planète (il est exact qu'on y a mis un bémol depuis). Ainsi que par cette sorte de charisme appartenant à ceux qui passent à l'Histoire, pas celui des effets de toge, mais celui lié à la puissance de l'intellect.

Obama ne se révèle-t-il que la «grande gueule en chef», justement, comme le moquent ses ennemis? On se calme. Bill Clinton, lui, avait prononcé 600 discours au cours de la première année de son mandat!

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Après tant de promesses d'avenir et de mots évanescents, Barack Obama aura donc dû vivre le choc du présent. Un présent largement tributaire du passé.

Car le président a essentiellement fait deux choses depuis un an (il a en effet commencé à travailler bien avant d'entrer officiellement à la Maison-Blanche, en janvier). Il a liquidé une partie de l'héritage empoisonné qui l'attendait. Et il a semé pour l'avenir.

Par définition, le second point est difficile à évaluer.

Néanmoins, sur le plan international, la vision du monde que le président a exprimée à Berlin, à Moscou, au Caire, à Accra ou à l'ONU est certainement devenue une assise politique indélébile. Il a aussi semé sur le plan intérieur. Par sa grande allocution (en campagne) sur la question raciale, par exemple; ou en septembre devant le Congrès où, redéfinissant les grands idéaux de la nation, il a apaisé le vent de pessimisme qui commençait à souffler. Quant à l'héritage...

On sait ce que fera l'Amérique en Irak; pas encore en Afghanistan. L'économie a été secouée de tous côtés, ensevelie sous les deniers du trésor public, à la fois cajolée et brutalisée... un autre aurait-il fait mieux? Soins de santé, enfin, trappe historique, lieu de tous les intérêts et de toutes les magouilles, os à gruger d'une droite parfois extrême qui fait peur: or, Obama progresse bel et bien, surmontant des obstacles sur lesquels, avant lui, chacun s'était cassé les dents.

Notamment les Clinton, malgré leurs beaux discours.