Dans plusieurs pays européens, il faut avoir 18 ans pour obtenir le droit de conduire une voiture. Au Québec, il y a de fortes réticences à hausser l'âge du premier permis de conduire de 16 à 18 ans. L'argument qui revient sans cesse: que vont faire les jeunes des régions pour se déplacer? Il n'y a pas de transports en commun et leurs parents en ont marre de jouer les chauffeurs de taxi. Voilà un argument un peu court lorsqu'on observe les statistiques concernant les jeunes au volant.

En effet, même s'ils ne représentent que 10% des détenteurs de permis, ils sont impliqués dans 25% des accidents de la route. Dans la catégorie des 16-24 ans, 146 conducteurs ont perdu la vie en 2007, et 96 ont été blessés gravement. Pour la même année, entre 12 000 et 13 000 jeunes ont été blessés légèrement. Il suffit de consulter n'importe quel bilan routier des dernières années pour constater que les jeunes se distinguent des autres groupes d'âge à cause du nombre élevé d'accidents.

 

À 16 ans, on n'a pas la maturité, le jugement nécessaire pour conduire une voiture. Et ce n'est pas de l'âgisme que de le dire. Est-ce qu'il y a des jeunes de 16 ans qui conduisent mieux que certains conducteurs de 40 ans? Probablement. Est-ce qu'un adolescent de 17 ans peut montrer plus de maturité qu'un jeune adulte de 22 ans? Sans doute. Il y aura toujours des exceptions - votre neveu, si responsable; la fille du voisin, tellement fiable - mais de façon générale, il demeure qu'un adolescent de 16 ans n'est pas si loin que ça de l'enfance. Lui confier un volant et, surtout, la sécurité d'autres êtres humains, n'est pas une bonne idée.

Quant aux parents des régions qui en ont marre de reconduire leurs jeunes d'un endroit à l'autre, ce ne sont pas deux années de plus qui les feront mourir. Alors qu'un accident de la route, lui, a des chances de faire mourir leur enfant. Conduire n'est pas un droit fondamental, c'est un immense privilège.

En plus de hausser l'âge d'obtention du permis de conduire, il faut absolument introduire le cours de conduite obligatoire. Il devrait déjà l'être puisque la loi 42, adoptée en 2007, le recommandait. Or 15 mois plus tard, un apprenti conducteur peut encore «passer» son permis sans avoir suivi un cours au préalable.

Au ministère des Transports, on nous répond que le contenu du nouveau cours de conduite est en train d'être revu et corrigé. On veut bien. Mais qu'est-ce qui peut bien prendre tant de temps? Les voitures sont encore composées de quatre roues et d'un volant, le cours de conduite ne devrait pas changer tant que ça.

Pendant qu'on revoit le contenu du cours, d'autres jeunes conducteurs inexpérimentés prennent la route. Certains, comme le pauvre Sébastien Bousquet (qui, à 17 ans, avait son permis en poche depuis deux mois et ne portait pas de ceinture de sécurité), perdent la vie de façon tragique. Qu'est-ce qu'on attend pour accélérer le processus? Pour une fois que la vitesse sauverait des vies.

nathalie.collard@lapresse.ca