À quoi rêvent les Montréalais ? Si on se fie aux réponses de nos lecteurs publiées samedi, ils rêvent à une belle ville verte et ouverte sur le fleuve. Les conclusions de ce brainstorming collectif auquel plus de 350 personnes ont participé dénotent un esprit très concret. Qu'il s'agisse d'ouvrir la ville sur l'eau, d'installer un marché aux puces au pied du pont Jacques-Cartier ou de recouvrir l'autoroute Décarie, l'objectif est le même : améliorer la qualité de vie à Montréal.

Une chose dont les Montréalais ne rêvent pas, toutefois, ce sont les prochaines élections.

À un peu moins de deux mois du jour J, les intentions de vote des électeurs sont floues... comme dans un rêve. Plus du tiers des répondants au sondage publié dans nos pages ce matin ne savent pas du tout pour quel candidat ils voteront le 1er novembre. Pour l'instant, Louise Harel mène le bal avec 41 % des intentions de vote contre 38 % pour le maire Tremblay. Mais avec un taux d'indécision de 36 %, ces résultats sont loin d'être concluants. Si on tient compte de la marge d'erreur, les deux adversaires sont plutôt à égalité.

 

Au fond, cette indécision n'est pas surprenante. La campagne électorale n'est pas encore commencée. Elle débutera officiellement vendredi et, avec elle, des discours, des débats, des promesses et des bilans. Bref, du contenu qui aidera les Montréalais à se forger une opinion.

À une condition, cependant. Les partis devront les intéresser à la campagne et les convaincre d'aller voter. Le taux de participation aux dernières élections montréalaises (38 %) était désastreux. Et seulement 55 % des répondants à notre sondage disent qu'ils iront « certainement « voter. C'est peu quand on sait qu'ils ne tiendront probablement pas tous parole.

Pourtant, on aurait cru que les scandales qui ont secoué la Ville au cours des derniers mois les auraient indignés et incités à aller voter en plus grand nombre.

D'autant plus que notre sondage révèle que 73 % des répondants estiment que ces scandales influeront sur leur vote, alors que 67 % d'entre eux estiment que l'administration actuelle n'a pas suffisamment lutté contre la corruption.

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Ces réponses, il faut le mentionner, sont diamétralement opposées à celles publiées dans un sondage du Journal de Montréal. C'est à se demander si on parle de la même ville ! Dans le Journal, seulement 10 % des répondants croient que l'éthique est l'enjeu majeur de la campagne et, selon un analyste cité dans la même publication, «une bonne proportion des gens semblent satisfaits des réponses données par le maire»...

Vivons-nous sur la même planète ? Une des explications est sans doute que le sondage du Journal a été mené au début du mois d'août (du 3 au 8), alors que l'actualité était au ralenti et que beaucoup de gens étaient en vacances, alors que celui de La Presse, beaucoup plus récent, a été réalisé après la rentrée scolaire (entre le 9 et le 11 septembre). Entre les deux, un mois s'est donc écoulé. Et en politique, un mois, c'est énorme. Comme il reste encore 47 jours avant les élections - autant dire une éternité -, les différents partis peuvent encore rêver, tout en proposant du concret aux électeurs...