S'il y a une personnalité politique intéressante à observer au Québec ces temps-ci, c'est bien Régis Labeaume.

On ne sait pas encore précisément où s'en va le maire de la Ville de Québec mais une chose est certaine, il y va avec beaucoup de détermination.

Réélu avec une majorité à faire pleurer d'envie Gérald Tremblay (79,7%), cet homme annonce plus de projets dans une journée que le maire de Montréal durant tout un mandat.

 

À quoi rêve le maire de Québec? Il voudrait que le quartier Saint-Roch soit le point de rencontre des arts et des nouvelles technologies, que Québec devienne la capitale mondiale de Noël, qu'elle accueille le Forum universel des cultures de l'UNESCO en 2012. M. Labeaume espère aussi un nouvel auditorium, un anneau de glace couvert et, pourquoi pas, des Jeux olympiques d'hiver en 2020. Sans compter qu'il vient de demander à un publicitaire de dépoussiérer le branding de la Vieille Capitale. Vous avez dit hyperactif?

Force est de constater que dans la manière, Régis Labeaume est à des années-lumières de l'ancien maire bien-aimé de Québec, Jean-Paul L'Allier. Cela dit, ses électeurs ne semblent pas avoir pris trop de temps à apprécier son style direct et coloré.

Non seulement déborde-t-il d'idées pour sa ville, mais il aime en parler dans les médias. Il n'hésite pas à prendre l'autoroute 20 pour venir causer de ses projets aux différents micros montréalais, qui le reçoivent avec enthousiasme. Preuve supplémentaire de son immense popularité: M. Labeaume est le seul politicien invité à l'émission de fin d'année de Tout le monde en parle. C'est que, contrairement à ses collègues du monde politique, M. Labeaume n'est pas adepte de la langue de bois. Son franc-parler et ses déclarations parfois lapidaires tranchent avec le ronron habituel de ses confrères et consoeurs. Les médias adorent.

Mais le maire de Québec, aussi divertissant soit-il, ne se limite pas à son seul côté givré. Comme les célèbres céréales Mini-Wheats, M. Labeaume a également un côté nutritif. Dans son cas, cela se traduit par une réflexion sur le rôle futur des villes du Canada. Dans une entrevue qu'il accordait récemment au Devoir, M. Labeaume disait souhaiter un transfert des pouvoirs des gouvernements fédéraux et provinciaux vers les villes. Il revendiquait également un pouvoir de taxation supplémentaire (à noter que Montréal l'a obtenu de Québec, mais ne l'utilise toujours pas).

Est-ce que toute cette agitation et ce brassage vont donner des résultats? Il faudra attendre quelques années pour voir ce que devient la Ville de Québec. Les plus pessimistes craignent que la popularité monte à la tête de Régis Labeaume, qu'il se transforme en véritable dictateur à la Jean Drapeau. D'autres le qualifient de grand parleur, de phénomène médiatique qui risque de se dégonfler... Les rabat-joie auront-ils raison? Pour l'instant, une chose est sûre: les Montréalais regardent en direction de Québec avec dans le regard, un petit soupçon d'envie.