Les consultations publiques sur le réaménagement de l'autoroute Bonaventure se sont terminées mardi. Citoyens et organismes sont venus dire ce qu'ils pensaient du projet de la Société du Havre de remplacer l'autoroute Bonaventure par un boulevard urbain et faire rouler sur la rue Dalhousie les centaines d'autobus qui se rendent au terminus de la Gauchetière.

Une constatation s'impose: cet éventuel corridor Dalhousie soulève la grogne.

On comprend les résidants du secteur de s'opposer au passage d'environ 1500 autobus matin et soir. Le bruit, la pollution, la circulation automobile auraient un impact majeur sur leur qualité de vie. Cela dit, aussi valables soient leurs arguments, ce n'est pas le motif principal qui doit motiver le rejet de ce corridor.

 

Plusieurs raisons nous font conclure que le corridor Dalhousie n'est pas essentiel à la réalisation d'un futur boulevard urbain qui remplacerait l'autoroute Bonaventure.

Parmi les arguments mis de l'avant par la Société du Havre, qui pilote ce projet, on nous dit qu'en faisant rouler les autobus dans la rue Dalhousie, on gagnerait 25 secondes. Cette économie de temps, nous dit-on, se traduirait en économie d'argent pour l'AMT et motiverait, nous assure-t-on, des automobilistes à choisir les transports en commun plutôt que leur véhicule.

À notre avis, cet argument ne tient pas la route. L'entrée en ville se fait somme toute très aisément à l'heure de pointe et il faudrait plus qu'une économie de 25 secondes (30 ou 45 minutes peut-être) pour convaincre les automobilistes de laisser leur véhicule à la maison.

L'autre argument utilisé par la Société du Havre pour défendre le trajet de la rue Dalhousie est qu'il s'agit d'une solution intérimaire, liée à la création éventuelle d'un SLR (système léger sur rail) sur l'estacade du pont Champlain. Or le projet de SLR est encore bien loin d'être concrétisé et pourrait être reporté indéfiniment (pensons à la navette vers l'aéroport). Cet argument n'est donc pas convaincant.

Enfin, le coût de l'aménagement du corridor Dalhousie - 120 millions - nous semble beaucoup trop élevé pour ce qui nous est présenté comme une «solution temporaire». Il y a trop de «si» et de «peut-être» pour justifier un tel investissement.

Oui, il faut abaisser l'autoroute Bonaventure afin d'aménager une entrée de ville digne de ce nom. Par contre, il serait plus raisonnable de réserver une voie pour les autobus sur le futur boulevard urbain et étudier la possibilité d'ajouter un train de banlieue supplémentaire vers la Rive-Sud (comme le propose Vision Montréal) que d'aménager une nouvelle rue à coup de millions. L'Office de consultation publique doit déposer son rapport au printemps. D'ici là, la Société du Havre doit revoir ses plans.