Après la Suisse, c'est au tour du Québec de laisser tomber des grands pans de la réforme scolaire. L'approche pédagogique préconisée par ce qu'on appelle désormais le «renouveau scolaire» n'a tout simplement pas fonctionné.

On pourrait se questionner longtemps sur les raisons de cet échec - mauvaise approche, manque de moyens dans nos écoles, manque d'implication des parents ou manque d'enthousiasme des enseignants - mais concentrons-nous plutôt sur la bonne nouvelle: dès septembre des correctifs majeurs seront apportés dans toutes les écoles du Québec.

 

En effet, l'entente survenue entre l'Alliance des professeurs de Montréal et la Commission scolaire de Montréal (CSDM) devrait être soumise à l'ensemble des commissions scolaires de la province. Le curriculum devrait reprendre une approche plus classique, centrée sur l'acquisition des connaissances, et ce, dès la rentrée 2010.

Que de chemins inutiles empruntés pour en arriver là! Les fameuses compétences transversales qui, soit-dit en passant, ont toujours existé, reprendront leur juste place dans l'évaluation. Quand un enseignant dira à un parent que son enfant peine à organiser son travail ou à chercher un mot dans le dictionnaire, il s'agira d'une compétence transversale. Elle sera commentée, mais pas notée.

Autre bonne nouvelle: les projets en équipe reprendront la place qui leur revient, c'est-à-dire qu'ils seront proposés à l'élève une fois les connaissances bien maîtrisées. Enfin, le bulletin sera uniformisé à la grandeur du Québec.

Est-ce que cela signifie que tous les problèmes de l'école sont réglés? Bien sûr que non. L'aide aux enfants en difficulté, leur intégration dans les classes régulières, la formation des maîtres sont tous des problèmes criants auxquels il faut s'attaquer. Et que dire de la réforme du calendrier scolaire (qui donnerait le droit aux enseignants d'organiser des activités le samedi!) qui sera sûrement l'objet de débat au cours des prochaines semaines.

Enfin, une question dont il faudrait bien débattre sur la place publique est celle de la relation parent-enseignant. C'est un lien qui s'est beaucoup détérioré au cours des dernières années et la réforme, perçue comme très compliquée par les parents, n'a rien fait pour l'améliorer. Auparavant, le dialogue prof-parent reposait sur le respect mutuel. Aujourd'hui, il repose sur des sentiments de méfiance et des réflexes défensifs.

La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, qui a entrepris une tournée du Québec, confirme que c'est une préoccupation chez les enseignants.

Le syndrome des parents-rois, qui exigent que l'école s'adapte à leur enfant-roi, a fait beaucoup de ravages dans nos écoles. Le fait est que l'éducation des enfants est un travail d'équipe composée de trois joueurs : le parent, l'enseignant et l'élève.

Bref, on peut bien réformer la réforme, si la relation entre enseignants et parents est bancale, c'est toute l'école qui s'en trouve fragilisée.

nathalie.collard@lapresse.ca