En mai 2008, une jeune femme âgée de 25 ans, Valérie Castonguay, est morte de façon tragique à la suite d'une septo-rhinoplastie, une chirurgie esthétique du nez pratiquée dans une clinique privée. Après des complications en salle de réveil, Mme Castonguay a été transférée aux soins intensifs de l'Hôpital général de Montréal où elle s'est éteinte le lendemain après-midi.

Une mauvaise administration d'oxygène serait à l'origine du pneumothorax ayant causé sa mort. Dans son rapport rendu public récemment, le coroner Paul G. Dionne écrit: «Le décès de la patiente semble suggérer que dans la partie salle de réveil, des standards n'ont peut-être pas été respectés.»

 

La mort de Mme Castonguay rappelle celle tout aussi tragique de Micheline Charest, morte en avril 2004 des suites d'une opération également pratiquée dans une clinique de chirurgie esthétique privée.

L'ex-pdg de Cinar avait été laissée sans surveillance en salle de réveil après une longue intervention de six heures. Dans son rapport, le coroner Jacques Ramsay avait constaté, entre autres, que l'alarme de l'équipement de mesure de l'oxygène dans le sang n'était pas en fonction au moment des complications. Le décès très médiatisé de Mme Charest avait ravivé le débat entourant les contrôles et la surveillance dans les établissements privés qui pratiquent des chirurgies.

Presque six années ont passé et ces cliniques ne sont toujours pas soumises à un contrôle étroit de la part du ministère de la Santé. Et elles ne le seront pas avant le 31 mars prochain, lorsque sera appliquée la loi 34 qui encadre davantage la pratique dans les centres médicaux spécialisés. En vertu de cette loi, les cliniques privées devront désormais obtenir une accréditation du Ministère pour pouvoir pratiquer des interventions.

En conférence de presse hier, l'avocat qui représente les parents de Mme Castonguay, Me Jean-Pierre Ménard, a émis le souhait que les critères imposés par le ministère de la Santé soient très stricts en matière d'inspection, d'organisation du travail et de formation du personnel auxiliaire.

Justement, le ministère de la Santé, le Collège des médecins et les différentes associations professionnelles travaillent actuellement à établir ces fameux critères. Il faut souhaiter que cette négociation, car c'en est une, ne se fasse pas au détriment de la sécurité des patients.

Dans son rapport sur la mort de Micheline Charest, publié en octobre 2006, le coroner Jacques Ramsay écrivait ceci: «La chirurgie privée, au surplus non conventionnée, en est encore à ses balbutiements au Québec et elle évolue dans un flou juridique en constante évolution. J'estime que les standards du secteur privé devraient surpasser ceux du secteur public ou, à tout le moins, être du même niveau, jamais inférieurs.»

Depuis, le nombre de cliniques privées s'est multiplié. Malheureusement, les observations du coroner Ramsay demeurent plus pertinentes que jamais.

nathalie.collard@lapresse.ca