Il n'y a pas trente-six mille façons pour une ville de financer le développement de ses transports collectifs. Allez à Toronto, Vancouver ou Portland, vous verrez qu'elles ont toutes choisi d'imposer une taxe, sur l'essence ou sur la masse salariale, pour y arriver.

C'est également ce que proposent de faire les 82 villes membres de la Communauté métropolitaine de Montréal pour faire entrer la région de plain-pied dans le XXIe siècle. Elles demandent une hausse de deux cents de la taxe d'accise sur l'essence qui est fixée à 1,5¢ depuis 1996.

 

Malheureusement, il ne suffit pas que les 82 maires s'entendent pour que leur souhait se réalise. La Ville de Montréal n'a pas les pouvoirs lui permettant d'augmenter cette taxe. Le gouvernement Charest, qui a pourtant reconnu son statut de métropole dans la loi 22, lui a refusé ce pouvoir. Résultat: le maire de Montréal, qui est aussi le président de la CMM, agrippe une fois de plus son bâton de pèlerin pour quémander de l'argent à Québec. Sera-t-il entendu?

Une hausse de deux cents dans le prochain budget provincial, prévu en mars, se traduirait par des revenus d'environ 55 millions de dollars, dont 80% irait combler le déficit structurel de la Société de transport de Montréal. Mais si on veut développer des projets, ce n'est pas suffisant. Le maire Tremblay avait préparé le terrain lors de la présentation du budget de la Ville il y a un mois. Il demande à Québec d'être cohérent avec son discours en faveur de la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Pour atteindre l'objectif de réduction de 20% annoncé à Copenhague, dit-il, il faut donner un sérieux coup de barre et développer davantage l'offre de transports collectifs. Voilà pourquoi on demande une hausse progressive de 10 sous de la taxe d'accise sur l'essence, d'ici 2020, pour financer le prolongement du métro, la navette vers Dorval ou un éventuel train léger vers la Rive-Sud.

Le message à Québec est toujours le même: «Put your money where your mouth is.» Faites ce que vous dites vouloir faire.

Cette hausse de taxe a sa raison d'être, mais à une condition: la CMM et les sociétés de transport, en particulier la STM, doivent expliquer à la population où exactement ira l'argent de ce fonds consacré aux transports collectifs. Il n'est pas suffisant de dire que l'augmentation de 10 cents de la taxe d'accise sur l'essence ira au développement du réseau, il faut un programme précis, un menu où chaque projet sera accompagné d'un prix afin que les automobilistes n'aient pas l'impression de financer des moulins à vent... ou des augmentations de salaire des employés de la STM.

Les sociétés de transport devront également faire la preuve que leur gestion est exemplaire si elles souhaitent convaincre les contribuables, déjà fortement taxés, de délier davantage les cordons de leur bourse.

La STM et ses partenaires travaillent actuellement à l'élaboration d'un plan décennal qu'elles rendront public d'ici quelques mois. L'exercice sera déterminant pour la suite des choses.

nathalie.collard@lapresse.ca