Bryan Breguet et Vincent GelosoLes auteurs sont respectivement candidat au Ph.D en économie de l'Université de la Colombie-Britannique et étudiant en économie et politique à l'Université de Montréal 

Alors que nous attendons tous la publication officielle du rapport annuel de la Caisse de Dépôt et Placement du Québec, nous savons d'ores et déjà que les rendements ont été catastrophiques cette année. Les estimations parlent de pertes de 38 milliards $, soit un rendement de négatif de 26% sur un an. Ce rendement est nettement inférieur aux rendements de la bourse en général, tel que le mentionnaient à juste titre Francis Vailles et André Noël dans La Presse Affaires du 14 février. Nous apprenions également, toujours dans cet article, que les rendements de la Caisse sont en général inférieurs à ceux du marché si l'on regarde les 15 dernières années. La question dès lors mérite d'être posée : pourquoi ne pas abolir la Caisse? Et confier la gestion des actifs à des institutions privées ou en procédant à une simple gestion passive des actifs.

En effet, pourquoi conserver une énorme structure bureaucratique si au final, on ne fait pas mieux qu'en plaçant les économies des Québécois dans des fonds indiciels qui sont très peu coûteux en terme de frais de gestion? La Caisse employait 763 personnes selon son rapport 2007 (1650 si on inclut les employés reliés à la gestion immobilière). Cette année là, la Caisse a engendré des dépenses de fonctionnement de 608 millions $. Cela représente beaucoup d'argent pour, au final, dupliquer des institutions privées qui obtiennent des rendements supérieurs. De l'argent qui pourrait être réinvesti justement.

D'autre part, abolir la Caisse et confier la gestion du bas de laine des Québécois à des institutions privées avec une gestion passive des actifs aurait un autre grand avantage : une dépolitisation complète de la Caisse. Ce débat semblait réglé avec la réforme adoptée par Jean Charest en 2003, mais nous apprenions récemment que le gouvernement Charest entend placer de nouveau un sous-ministre au conseil d'administration de la Caisse. Il nous apparaît qu'une politisation de la gestion des actifs ne peut être que nocive à long terme. Les cycles politiques sont beaucoup trop courts pour pouvoir assurer une saine gestion. Les retraites des Québécois ne doivent pas subir les aléas du politique. En effet, si les marchés financiers peuvent parfois engendrer des pertes, il n'en reste pas moins que sur le long terme, les rendements sont bel et bien présents.

En conclusion, nous sommes d'avis qu'abolir la Caisse pourrait permettre des économies importantes pour l'État, tout en garantissant aux Québécois des rendements similaires. Cette option mérite d'être débattue.