J'ai lu avec grand intérêt dans La Presse la série sur ces murs qui séparent encore aujourd'hui des peuples et des États. Ces remparts érigés de par le monde pour diviser des populations au nom de la sécurité, mais qui, finalement, renforcent les préjugés et attisent les tensions.

Nous ne sommes pas à l'abri de ces clivages ici même à Montréal. Je veux parler d'un mur qui fragmente deux parties de notre ville, de notre société : la clôture qui longe le boulevard L'Acadie et qui sépare la Ville Mont-Royal et le quartier Parc-Extension. La première, un oasis urbain pour gens nantis, le deuxième, un quartier populaire où vivent de nombreux nouveaux - et moins nouveaux - immigrants.

Cette muraille, ornée d'une haie bien entretenue, est perméable, et uniquement à pied, à seulement quelques endroits le long de ses presque deux kilomètres. Elle divise deux classes sociales et rappelle cruellement qu'un «vivre-ensemble» harmonieux est bien loin d'être atteint.

La Ville Mont-Royal qui s'est déjà dotée du titre de «cité modèle», est née d'une initiative de la Canadian Northern Railway, qui désirait établir une ville «idéale» au nord du mont Royal.

Cette image idyllique s'obscurcit lorsque l'on constate que cette cité modèle - «un havre de verdure en ville» - est réservée uniquement à ceux qui en ont les moyens. Et défendent jalousement leur territoire...

La preuve? La Ville de Mont-Royal a déjà cadenassé les quelques portes qui permettent la circulation piétonnière entre ces deux solitudes à l'occasion de l'Halloween, la fête enfantine par excellence! Démonstration effrayante que la ville pratique un isolationnisme, voire une ségrégation sociale, pour se «protéger» des «autres». Cette pratique odieuse a cessé grâce aux nombreuses critiques, mais le mur subsiste. Cette cicatrice est toujours visible et la plaie loin d'être pansée.

Cité modèle ou idéale dit-on? Cette fracture ne correspond pas à mon idéal. En tant que Montréalaise affligée par le spectacle de ces parois, j'ai honte.